juste la fin du monde antoine analyse
Résuméde Juste la fin du monde de Jean-Luc Lagarce Prologue Le thème de la pièce est annoncé dès le prologue. Louis, le personnage principal, y annonce sa mort de manière
Lethéâtre repose sur une action à accomplir. Ici, Louis doit avouer sa mort. Juste la fin du monde mobilise le registre tragique. La crise n’est pas la conséquence de l’action mais le fait qu’elle ne s’accomplit jamais. 👉 À la fin, il repart sans avoir rien dit.
Juste la fin du monde LA FAMILLE Louis et Antoine semble vouloir s'approprier la place du père dans la famille mais la mere domine -> Impression que la famille represente la cour parodique ou la more est une regente detentrice d'une couronne LA DIFFICULTÉ À SE COMPRENDRE Les -> personnage n'arrivent pas à communiquer L> malentendu et
Ilretrouve sa mère, sa sœur Suzanne, son frère Antoine et sa belle-sœur Catherine. On purge bébé ! (1910) est caractéristique de la dernière manière de Georges Feydeau, de ces pièces en un acte où le comique ne repose plus seulement sur les recettes classiques du vaudeville, mais aussi sur la peinture — au Dans cette même scène d’ouverture, Xavier Dolan prend la
Retrouveztout le casting du film Juste La Fin Du Monde réalisé par Xavier Dolan avec Gaspard Ulliel, Nathalie Baye, Léa Seydoux Juste la fin du monde. Antoine, le frère de Louis, expose dans une longue tirade l'ambivalence de sa relation à Louis, entre le ressentiment et l'amour compassionnel.
Site De Rencontre Au Cameroun Gratuit. Jean-Luc Lagarce, Juste la fin du monde - Partie I, scène 4 Analyse linéaire. Dernière mise à jour 02/12/2021 • Proposé par jllesaint élève Texte étudié LA MERE. ─ Le dimanche... ANTOINE. ─ Maman ! LA MERE. ─ Je n’ai rien dit, je racontais à Catherine. Le dimanche... ANTOINE. ─ Elle connaît ça par cœur. CATHERINE. ─ Laisse-la parler, tu ne veux laisser parler personne. Elle allait parler. LA MERE. ─ Cela le gêne. On travaillait, leur père travaillait, je travaillais et le dimanche ─ je raconte, n’écoute pas ─, le dimanche, parce que, en semaine, les soirs sont courts, on devait se lever le lendemain, les soirs de la semaine ce n’était pas la même chose, le dimanche, on allait se promener. Toujours et systématique. CATHERINE. ─ Où est-ce que tu vas, qu’est-ce que tu fais ? ANTOINE. ─ Nulle part, je ne vais nulle part, où veux-tu que j’aille ? Je ne bouge pas, j’écoutais. Le dimanche. LOUIS. ─ Reste avec nous, pourquoi non ? C’est triste. LA MERE. ─ Ce que je disais tu ne le connais plus, le même mauvais caractère, borné, enfant déjà, rien d’autre ! Et par plaisir souvent , tu le vois là comme il a toujours été. Le dimanche ─ ce que je raconte ─ le dimanche nous allions nous promener. Pas un dimanche où on ne sortait pas, comme un rite, Je disais cela, un rite, une habitude. on allait se promener, impossible d’y échapper. SUZANNE. ─ C’est l’histoire d’avant, lorsque j’étais trop petite ou lorsque je n’existais pas encore. LA MERE. ─ Bon, on prenait la voiture, aujourd’hui vous ne faites plus ça, on prenait la voiture, nous n’étions pas extrêmement riches, non, mais nous avions une voiture et je ne crois pas avoir jamais connu leur père sans une voiture. Avant même que nous nous marions, mariions ? avant qu’on ne soit mariés, je le voyais déjà ─ je le regardais ─ il avait une voiture une des premières dans ce coin-ci, vieille et laide et faisant du bruit, trop, mais, bon, c’était une voiture, il avait travaillé et elle était à lui, c’était la sienne, il n’en était pas peu fier. ANTOINE. ─ On lui fait confiance. LA MERE. ─ Ensuite, notre voiture, plus tard, mais ils ne doivent pas se souvenir, ils ne peuvent pas, ils étaient trop petits, je ne me rends pas compte, oui, peut-être, nous en avions changé, notre voiture était longue, plutôt allongée, aérodynamique», et noire, parce que noir, il disait cela, ses idées, noir cela serait plus chic », son mot, mais bien plutôt parce qu’en fait il n’en avait pas trouvé d’autre. Rouge, je le connais, rouge, voilà, je crois, ce qu’il aurait préféré. Le matin du dimanche, il la lavait, il l’astiquait, un maniaque, cela lui prenait deux heures et l’après-midi, après avoir mangé, on partait. Toujours été ainsi, je ne sais pas, plusieurs années, belles et longues années, tous les dimanches comme une tradition, pas de vacances, non, mais tous les dimanches, qu’il neige, qu’il vente, il disait les choses comme ça, des phrases pour chaque situation de l’existence, qu’il neige, qu’il pleuve, qu’il vente », tous les dimanches, on allait se promener. Quelquefois aussi, le premier dimanche de mai, je ne sais plus pourquoi, une fête peut-être, le premier dimanche après le 8 mars qui est la date de mon anniversaire, là, et lorsque le dimanche tombait un dimanche, bon, et encore le premier dimanche des congés d’été ─ on disait qu’on partait en vacances », on klaxonnait, et le soir en rentrant on disait que tout compte fait, on était mieux à la maison, des âneries ─ et un peu aussi avant la rentrée des classes, l’inverse, là comme si on rentrait de vacances, toujours les mêmes histoires, quelquefois, ce que j’essaie de dire, nous allions au restaurant, toujours les mêmes restaurants, pas très loin et les patrons nous connaissaient et on y mangeait toujours les mêmes choses, les spécialités et les saisons, la friture de carpe ou des grenouilles à la crème, mais ceux -là ils n’aimaient pas ça. Après ils eurent treize et quatorze ans, Suzanne était petite, ils ne s’aimaient pas beaucoup, ils se chamaillaient toujours, ça mettait leur père en colère, ce furent les dernières fois et plus rien n’était pareil. Je ne sais pas pourquoi je raconte ça, je me tais. Des fois encore, des pique-niques, c’est tout, on allait au bord de la rivière, oh là là là ! bon, c’est l’été et on mange sur l’herbe, salade de thon avec du riz et de la mayonnaise et des œufs durs, ─ celui-là aime toujours autant les œufs durs─ et ensuite, on dormait un peu, leur père et moi, sur la couverture, grosse couverture verte et rouge, et eux, ils allaient jouer à se battre. C’était bien. Après, ce n’est pas méchant ce que je dis, après ces deux-là sont devenus trop grands, je ne sais plus, est-ce qu’on peut savoir comment tout disparaît ? ils ne voulurent plus venir avec nous, ils allaient chacun de leur côté faire de la bicyclette, chacun pour soi, et nous seulement avec Suzanne, cela ne valait plus la peine. ANTOINE. ─ C’est notre faute. SUZANNE. ─ Ou la mienne. Jean-Luc Lagarce, Juste la fin du monde - Partie I, scène 4 Juste la fin du monde est une pièce de théâtre écrite par Jean-Luc Lagarce en 1990. L'intrigue tient en peu de lignes Louis décide de retourner voir sa famille qu'il a quittée bien des années plus tôt afin de lui annoncer sa mort prochaine. Mais sa mère, son frère et sa sœur profitent de sa venue pour l'accuser, chacun à leur manière, de la douleur que leur a causé son départ et Louis repart finalement sans avoir fait son aveu. L'intrigue présente des similarités avec la situation de Lagarce, atteint du sida, qui se savait condamné au moment de l'écriture de la pièce, de sorte qu'on a pu voir en Louis comme un double de l'auteur. Dans cette tragédie intime et contemporaine, c'est la communication au sein de la famille qui est le nœud de tous les problèmes. Lagarce révèle cette faille par l'écriture de dialogues où tout est incessamment à redire. Dans la scène 4 de la première partie, la Mère profite que la famille soit au complet pour évoquer un souvenir remontant à l'enfance de Louis et de son frère, Antoine, qui entretiennent des rapports très tendus. Elle évoque le rituel du dimanche en famille, un rituel observé pendant de nombreuses années, retraçant ainsi l'évolution des liens unissant les membres de la famille. Problématique De quelle manière le récit de la Mère nous ramène-t-il aux origines de la tragédie familiale ? Mouvements du texte - L'évocation d'un âge d'or dans l'histoire de la famille - Le délitement de l'unité familiale I. L'évocation d'un âge d'or dans l'histoire de la famille de "Le dimanche..." à "pourquoi non ? C'est triste" a De "Le dimanche..." à "Elle allait parler", un discours parasité Antoine tente de faire cesser le récit de sa mère La ponctuation exclamative et l'hyperbole montre son exaspération. Une grande part d'implicite est contenue dans cette simple exclamation Maman ! » Maman, ne commence pas … Maman, encore la même histoire … Maman, tu es tellement énervante … » On peut deviner la cause de ce parasitage Antoine veut laisser le passé où il est, il ne veut pas que sa mère remue des mauvais souvenirs. Je n'ai rien dit » c'est faux ! Le récit dont Le dimanche » constitue l'ouverture n'est pas anodin, bien au contraire, puisqu'il suscite une réaction aussi vive de la part d'Antoine ! Je racontais à Catherine » autre mensonge La Mère utilise Catherine comme prétexte, elle s'adresse évidemment à toute la tablée et peut-être à Louis en particulier. Pourquoi ce mensonge et cette obstination ? Sans doute parce que la présence de Louis amène la Mère à vouloir revivre le passé à travers le récit qu'elle en fait. Ce rassemblement familial la plonge dans un état de nostalgie qu'elle veut partager avec les siens. Le passé qui semble si douloureux pour Antoine renvoie pour elle à une époque heureuse comme le montrera la suite de son récit elle évoque le plaisir de profiter du week-end, de profiter des joies simples, de prendre la voiture qui fait la fierté de la famille, de manger au restaurant… Il s'agit de l'âge d'or de son existence de Mère. Champ lexical de la parole La thématique de la parole est absolument centrale dans l' œuvre le choix de dire ou de ne pas dire, de tout dire ou seulement une partie, d'être explicite ou implicite, de dire la vérité ou non, d'arriver à le dire ou pas, de parvenir à se faire comprendre ou pas etc. A bien y regarder, l'intrigue de Juste la fin du monde est mince ; c'est plutôt la façon dont les personnages communiquent qui fait l'intérêt et la force de la pièce. bDe "Cela le gêne" à "pourquoi non ? C'est triste", inévitabilité du discours, inévitabilité des évènements Cela le gène » est à prendre dans le sens étymologique du verbe gêner » la géhenne, l'enfer, le lieu des supplices. Cette plongée dans le passé est véritablement une torture pour Antoine qui ne peut la supporter et préfère s'éloigner. La répétition du verbe travaill[er] » dénote l'importance du travail dans la vie du couple, peut-être la dureté de ce travail et la fierté qu'ils en retiraient. Remarque d'ordre biographique les parents de Jean-Luc Lagarce étaient tous les deux ouvriers chez Peugeot. Ce type d'épanorthose consistante en la reprise d'un même verbe avec des pronoms différents est fréquente dans la pièce c'est le cas aussi dans la réplique précédente de Catherine, par exemple. Ces répliques sont des didascalies indirectes puisqu'elles nous donnent des indications sur le comportement d'Antoine il continue de protester, s'éloigne fait peut-être non » de la tête. On remarquera que Louis intervient alors même qu'Antoine semblait avoir renoncé à réellement quitter la pièce et invite même sa mère à poursuivre Le dimanche ». Est-il sincère quand il déclare C'est triste ? » Veut-il remuer le couteau dans la plaie ? De manière générale, les rapports sont tendus entre les deux frères tout au long de la pièce. Leur mauvaise entente perdure. Si Antoine est clairement désagréable avec son frère, l'attitude de Louis est quant à elle ambiguë. Il parait être le spécialiste des petites phrases à double sens, propre à semer la zizanie dans l'esprit de celui qui l'écoute. Il ne dit rien de mal mais le peu qu'il dit est suspect et susceptible de mettre le feu aux poudres. cf. la tirade de la mère sur Louis à la page 36, scène 8 je sais comment cela se passera et s'est toujours passé. Tu répondras à peine deux ou trois mots et tu resteras calme comme tu appris à l'être par toi-même. » Plusieurs éléments expriment l'idée d'habitude sur laquelle la Mère insiste très fortement le complément circonstanciel de temps le dimanche » l'article le » à valeur généralisante indiquant qu'il s'agissait de tous les dimanches ; ce complément circonstanciel de temps fournit l'explication de la didascalie initiale un dimanche évidemment », l'emploi de l'imparfait à valeur de répétition et la phrase Toujours et systématique. » Cette dernière est construite de manière incorrecte car elle associe par coordination un adverbe et un adjectif alors qu'il faudrait deux adverbes toujours et systématiquement . En cela, cette tournure n'est pas naturelle, elle sonne bizarrement, ce qui la rend d'autant plus frappante. A cela s'ajoute sa brièveté trois mots seulement qui lui donne un côté sec, péremptoire. Dans quel but ? Pour exprimer quoi ? Les termes toujours et systématique traduisent la même idée d'inévitabilité sur laquelle la Mère n'arrête pas d'insister pendant toute la première partie de son récit des lignes 11 à 19 puis encore des lignes 33 à 39 . La promenade familiale dont il est question paraît alors relever d'une sorte de fatalité impossible d'y échapper », qu'il pleuve, qu'il neige, qu'il vente », tous les dimanches on allait se promener » Sous l'impulsion du père, le destin des membres de la famille paraît ainsi réglé. La réplique d'Antoine revêt un double sens. Où veux-tu que j'aille ? » renvoie à son impossibilité de quitter sa famille et la région où il a grandi, comme son frère Louis l'a fait. Plus tard dans la pièce, on comprend qu'Antoine a endossé le rôle de chef de famille à la mort du père, se donnant pour devoir de veiller sur sa mère et sa jeune sœur. II. Le délitement de l'unité familiale De "Ce que je disais" à "Ou la mienne." a De "Ce que je disais" à "lorsque je n’existais pas encore", des jugements négatifs Le lexique de la constance montre que la Mère juge son fils de façon négative et radicale et rien d'autre en apposant sur lui une étiquette qui le rabaisse, celle d'un individu colérique et borné. De la même manière, la Mère s'en prend à la fille d'Antoine dans la scène 2 Le même caractère, le même sale mauvais caractère, / ils sont tous les deux les mêmes, pareils et obstinés. / Comme il est là aujourd'hui, elle sera plus tard ». Par ses jugements définitifs, la Mère paraît sceller le destin de ses enfants ou petits enfants à qui elle n'accorde aucune chance d'évolution. La scène 2 de la 2e partie est à cet égard poignante car on assiste à la tentative désespérée d'Antoine de démentir l'image d'homme brutal qui, à ses yeux, lui colle injustement à la peau. Le lexique de l'habitude l'insistance de la mère sur le caractère inévitable du rituel familial donc nous avons parlé plus haut. Propos à double sens lorsque je n'existais pas » encore peut signifier pas encore née » mais aussi pas encore digne d'intérêt aux yeux des autres ». La mère paraît avoir raconté souvent le rituel du dimanche Antoine Elle connaît ça par cœur » et Suzanne, qui connaît donc bien ce rituel, a bien conscience que cette époque heureuse, cet âge d'or évoqué par sa mère sont antérieurs à elle C'était l'histoire d'avant ». On peut imaginer sa tristesse de ne pas avoir pris part à ce morceau de l'histoire familiale. Elle n'a commencé à exister » au sein de la famille que lorsque le bonheur était terminé CF. bDe "Après ils eurent treize et quatorze ans" à "ou la mienne", la rupture entre deux époques C'est comme si le rêve éveillé de La Mère, parce qu'il a pris une tournure désagréable, prenait fin et que le personnage reprenait ses esprits. Elle paraît perdue et décide donc de se taire. Mais le désir de revenir en arrière et de replonger dans le bon vieux temps la reprend aussitôt Des fois encore » … À ce propos, on pourrait résumer l'intrigue de Juste la fin du monde comme l'histoire d'un homme, Louis, ayant abandonné sa famille. Il revient néanmoins la voir pour annoncer qu'il va bientôt mourir mais ne parvient pas à le faire car les autres membres ne lui en laissent pas l'occasion. On pense aussitôt à Suzanne qui lui adresse un long discours accusateur première partie, scène 3 et à Antoine, plein de ressentiment, qui commente violemment les rares propos de son frère. Mais on voit à travers cette scène que La Mère, elle aussi, ressent un besoin irrépressible de s'exprimer. Elle aussi confisque la parole à Louis par le récit de ses regrets. A travers toutes ces expressions, on perçoit la rupture entre deux époques. La première correspond à l'âge d'or pour la Mère où les deux fils sont encore des enfants dont le comportement ne perturbe pas les parents. C'est l'époque idyllique des pique-niques au bord de la rivière , du repos paisible sur une grosse couverture etc. ce que résume la formule lapidaire et définitive ce qui est rare chez les personnages de Lagarce ! C'était bien ». Toutefois, un élément dissonant annonce la deuxième époque pendant que les parents dorment, les enfants allaient jouer à se battre ». Peut-on réellement jouer à se battre ? On voit bien que la rivalité entre les deux frères existe déjà, ce que les parents refusent de voir puisqu'ils la considèrent encore comme un jeu. Le basculement dans la deuxième époque marqué par la préposition Après », répétée trois fois, celle du délitement de la famille, se fait lorsque les deux fils ont grandi et que leur rivalité commence à poser problème ils ne s'aimaient pas beaucoup, ils se chamaillaient toujours, ça mettait leur père en colère, ce furent les dernières fois et plus rien n'était pareil ». Cette rivalité mine alors l'harmonie familiale. Dès lors, la tournure ils ne s'aimaient pas beaucoup » apparaît comme un euphémisme qui suggère que la Mère, à cette époque, n'avait pas encore mesuré la profondeur des tensions opposant ses deux fils. Une fois indépendants, ils allaient chacun de leur côté », ce qui marque la fin du rituel qui soudait la famille. À la lecture des autres scènes, on sait aussi que par Louis rendra malheureux les siens en se déclarant mal-aimé, qu'il quittera la famille pour ne plus revenir, que le père mourra… » autant d'évènements qui ruineront définitivement l'unité familiale. La Mère est pensive Est-ce qu'on peut savoir comment tout disparaît ? ». Le pronom indéfini totalisant tout peut renvoyer à une époque, un monde juste la fin du monde !, en tout cas quelque chose de considérable. Après la fatalité de l'habitude inévitable Le dimanche » vient celle d'un éclatement de la famille qui échappe totalement à la Mère. La manière de parler de la Mère est révélatrice de ses sentiments. L'emploi du pronom démonstratif celui-là » pour désigner Antoine montre bien la distance qu'elle observe à l'égard de son fils. Ceux-là » pour désigner Antoine et Louis revient souvent dans sa bouche au fil de la pièce. Ceux-là sont les deux fils ennemis, ces deux enfants qui lui échappent, l'un par son abandon, l'autre par son mal-être incurable. Le fait qu' Antoine aime toujours les œufs durs n'est pas anodin. Symboliquement, cela montre qu'il est resté auprès d'elle, dans le giron familial contrairement à Louis, dont la Mère ne connaît plus les goûts ni l'âge On revient à l'importance de la parole, du dire dans la pièce la Mère se trompe lourdement lorsqu'elle précise ce n'est pas méchant ce que je dis ». D'ailleurs croit-elle réellement à ce qu'elle dit ? Car préciser que ce n'est pas méchant », c'est savoir par avance qu'on risque de blesser, ce qui équivaut à une forme de méchanceté. Comme lorsqu'elle étiquette si durement son fils cadet, la Mère est nocive, toxique en tenant un tel discours comment Suzanne peut-elle acquérir une bonne estime d'elle-même si sa mère déclare que les promenades en sa seule compagnie, cela ne valait plus la peine. Il n'est guère étonnant qu'elle soit encline à la culpabilité ou la mienne » tout comme son frère Antoine C'est notre faute » à moins que ce dernier ait dit cela de manière ironique ; au lecteur ou au metteur en scène de trancher ! Conclusion Le thème tragique des frères ennemis présent dans de nombreux mythes antiques Rémus et Romulus, Abel et Caïn, Etéocle et Polynice etc. apparaît en filigrane dans Juste la fin du monde . Ce thème est toutefois ici traité avec réalisme il n'est pas question de mort, de sang, de conflit spectaculaire mais simplement d'une haine incurable qui aura pour conséquence de détruire le petit bonheur pour une part illusoire d'une famille banale. Cela n'en reste pas moins tragique car la douleur ressentie par chacun est profonde et sans remède, comme si les personnages, faute de pouvoir se comprendre, étaient fatalement condamnés à être malheureux. Le problème central est bien celui de la communication, laquelle est d'abord impossible entre les enfants qui s'échangent des coups, puis compliquée une fois les deux frères devenus grands. Les jugements sévères et définitifs de la Mère, qui reste la pierre angulaire de la cellule familiale, n'arrangent rien. Travail à faire Expliquez les mythes suivants et dites en quoi on peut rapprocher les frères Louis et Antoine de ces personnages - Rémus et Romulus - Abel et Caïn - Etéocle et Polynice
Par Lison Bourgeois, Paul-Adrien Montacié, mis à jour le 06 Mai 2022 4 min Bac français PODCAST. Lors de votre oral de français au bac, vous devrez présenter une œuvre littéraire. L’Étudiant fait le tour des œuvres au programme et de ce qu’il faut en retenir. Retrouvez tous les conseils de professeurs et tous les points-clés à ne pas manquer pour bien présenter l'œuvre le jour de votre oral de français. L’Étudiant vous accompagne dans votre préparation du bac de français en examinant les œuvres au programme de l’année de première. Dans cet article et ce podcast, Anne-Laure July, professeure de français au lycée Alain Borne de Montélimar 26 et Sonia Arbaretaz, professeure de français au lycée Fénelon Sainte-Marie de Paris 75, nous aident à analyser "Juste la fin du monde" de Jean-Luc Lagarce pour en faire la meilleure des présentations le jour de l'oral de français. L’oral de français du bac se déroule en deux parties une sur un texte étudié en classe et l'autre, sur une œuvre littéraire que vous aurez choisie. Vous pouvez la sélectionner dans la liste des œuvres au programme ou dans la liste complémentaire proposée par votre professeur. Lire aussi "Juste la fin du monde" au bac une œuvre sur le sida, un tabou en 1990 Cette pièce de théâtre est écrite en 1990, durant les "années sida". Pour bien présenter cette œuvre, il faut se replonger dans cette époque où "la séropositivité et l’homosexualité sont encore des sujets dérangeants", conseille la professeure. D’ailleurs, la pièce est d’abord refusée par tous les comités de lecture et elle ne sera montée qu’en 1999. L’intrigue prend donc place dans ce contexte de non-dits et, justement, la parole n’est pas encore libérée comme elle peut sembler l’être aujourd’hui. "Nous attendons l’aveu du personnage principal pendant toute la pièce. Mais il ne vient jamais", résume l’enseignante. Chaque personnage se reprend sans cesse, en essayant de chercher le mot juste. Et le lecteur est finalement témoin d’un échec de la parole. L’enseignante vous conseille de regarder quelques extraits de mise en scène ou d’adaptation de la pièce pour mieux comprendre cet aspect. Par exemple, les lectures du Théâtre à la table de la Comédie-Française de novembre 2020 ou encore l’adaptation de la pièce en film, réalisée par Xavier Dolan, en 2016. Lire aussi Une pièce de Jean-Luc Lagarce à caractère autobiographique qu’il faut s’approprier Sans être totalement autobiographique, Jean-Luc Lagarce parle aussi de son histoire dans cette œuvre. À la fin, le personnage de Louis regrette de ne pas avoir poussé "un grand et beau cri". "Il faut comprendre que c’est Jean-Luc Lagarce qui pense derrière Louis", appuie Anne-Laure July. Dans cette pièce de crise familiale, tous les personnages révèlent leurs propres conflits intérieurs. On peut s’identifier autant à Louis, qu’à Antoine, à Catherine, à Suzanne, ou même à la mère de Louis. Si vous vous êtes retrouvé dans un personnage, il faut le dire pendant l’oral selon l’enseignante. "Je pense que c’est une bonne idée de choisir un personnage et puis de l’approfondir dans l’analyse". Lire aussi
Juste la fin du monde analyse linéaire épilogue. L’épilogue est, dans la tragédie, le retour au calme. Dans la pièce de Jean-Luc Lagarce de 1991, il s’agit dans l’épilogue d’un monologue de Louis. Ainsi, l’oeuvre s’inscrit dans une forme circulaire dans la mesure où le prologue était également constitué d’un monologue de Louis. Après la lecture de l’épilogue, nous proposons une analyse linéaire du texte. méthode du commentaire linéaire Juste la fin du monde texte de l’épilogue Louis. – Après, ce que je fais,je ne reviens plus jamais. Je meurs quelques mois plus tard,une année tout au plus. Une chose dont je me souviens et que je raconte encoreaprès, j’en aurai fini c’est l’été, c’est pendant ces années où je suis absent,c’est dans le Sud de la que je me suis perdu, la nuit dans la montagne,je décide de marcher le long de la voie m’évitera les méandres de la route, le chemin sera plus court et je sais qu’elle passe près de la maison où je nuit aucun train n’y circule, je ne risque rienet c’est ainsi que je me un moment, je suis à l’entrée d’un viaduc immense,il domine la vallée que je devine sous la lune,et je marche seul dans la nuit,à égale distance du ciel et de la que je penseet c’est cela que je voulais direc’est que je devrais pousser un grand et beau cri,un long et joyeux cri qui résonnerait dans toute la vallée,que c’est ce bonheur-là que je devrais m’offrir,hurler une bonne fois,mais je ne le fais pas,je ne l’ai pas me remets en route avec seul le bruit de mes pas sur le gravier. Ce sont des oublis comme celui-là que je regretterai. Juste la fin du monde, Jean-Luc Lagarce, 1991. JUSTE LA FIN DU MONDE ANALYSE LINEAIRE EPILOGUE Problématique Pourquoi cet épilogue apparaît-il comme une série de déceptions? Premier mouvement du début à une année tout au plus » Une parole d’outre-tombe D’abord, l’épilogue s’ouvre sur un connecteur temporel après ». Or celui-ci indique que l’épilogue apparaît comme une suite à la l’idée de départ définitif est inscrite fermement avec l’emploi du verbe partir » et ne plus jamais revenir ».D’ailleurs, comme dans l’ouverture du prologue, nous pouvons constater avec étonnement que le personnage semble s’exprimer d’outre-tombe. Effectivement, les références temporelles nous placent après la mort du héros quelques mois plus tard », une année tout au plus ». Ainsi, ce premier mouvement fait entendre la voix d’un mort. Deuxième mouvement de Une chose dont je me souviens » à c’est ainsi que je me retrouverai » un souvenir Ensuite, le deuxième mouvement s’ouvre sur l’évocation de sa mémoire avec l’emploi du verbe je me souviens ».Puis, une mention entre parenthèses après j’en aurai fini » permet une double lecture. De quoi s’agit-il? Il en aura fini de sa vie, cette mention serait alors tragique. Mais s’il fait référence à la pièce, cette mention revêt alors une tonalité comique, comme s’il s’excusait d’ennuyer son spectateur et lui promettait qu’il serait bientôt libéré de ce souvenir est fermement ancré grâce à la précision de divers compléments circonstanciels de lieu et de temps annoncés par un présentatif c’est l’été », » c’est pendant ces années », c’est dans le sud de la France ». Il évoque alors un moment où il s’est perdu dans la se développe une métaphore du chemin suivi. En effet, il avait la possibilité de se laisser porter au gré des chemins de montagne mais il choisit l’efficacité de la voie ferrée, comme marqué par le productivisme de son époque. Nous pouvons ainsi relever un champ lexical de la voie »chemin », méandres », route », marcher ». Ainsi, ce deuxième mouvement fait état d’un souvenir dans lequel Louis a fait le choix de la raison et de l’efficacité bourgeoise. Troisième mouvement de à un moment » à la terre » La nuit Ensuite, il évoque un viaduc » qui pourrait faire référence à ce qui relie deux vallées. D’ailleurs, il évoque sa situation entre deux, entre le ciel et la terre, comme entre les vivants et les Louis évoque de manière poétique un paysage dont nous pouvons relever le champ lexical vallée, lune, ciel, terre ». Le monologue devient lyrique. En témoigne également l’usage de la première personne je ». Louis évoque dans cette troisième partie une expérience de la solitude, d’un état suspendu dans un entre-deux. Dernier mouvement de ce que je pense » jusqu’à la fin Un cri sans voix Louis évoque alors au conditionnel ce qu’il aurait dû faire pousser un cri. Nous pouvons d’ailleurs constater un champ lexical du cri résonnerait », cri », hurler ».D’abord, ce cri est qualifié de manière méliorative comme le montrent les adjectifs grand et beau » ou long et joyeux ». Mais quel sens donner à ce cri qui n’ a pas été poussé? Plusieurs possibilités s’offrent aux lecteurs/ ce cri peut être compris d’un point de vue psychologique. Une sorte d’appel à l’aide, une tentative de s’extirper de la crise individuelle et familiale qui le ce cri peut être compris comme une tentative de création littéraire. Autrement dit, il regrette de n’avoir pas tenté de transformer une expérience difficile en une oeuvre littéraire. JUSTE LA FIN DU MONDE ANALYSE LINEAIRE EPILOGUE CONCLUSION Ainsi, la pièce s’achève sur un nouveau constat d’échec. Louis a raté le rendez-vous avec sa famille, avec lui-même mais aussi, peut-être avec l’art. Merci de ta lecture. Nous espérons que cette fiche sur l’épilogue a pu t’aider dans ton travail. N’hésite pas à poster tes remarques et commentaires dans la rubrique ci-dessous. D’autres fiches peuvent t’aider dans tes révisions, nous t’en proposons quelques exemples ci-dessous –Explication linéaire prologue –Explication linéaire du monologue de Suzanne –Analyse de Juste la fin du monde –Dissertation sur la crise dans Juste la fin du monde –Biographie de Jean-Luc Lagarce –Méthode de l’analyse linéaire
Jean-Luc Lagarce, Juste la fin du monde - Partie II, scène 3 Analyse linéaire. Dernière mise à jour 26/11/2021 • Proposé par emmabrun4 élève Texte étudié ANTOINE. – […] et peu à peu, c’était de ma faute, ce ne pouvait être que de ma faute. On devait m’aimer trop puisqu’on ne t’aimait pas assez et on voulut me reprendre alors ce qu’on ne me donnait pas, et ne me donna plus rien, et j’étais là, couvert de bonté sans intérêt à ne jamais devoir me plaindre, à sourire, à jouer, à être satisfait, comblé, tiens, le mot, comblé, alors que toi, toujours, inexplicablement, tu suais le malheur dont rien ni personne, malgré tous ces efforts, n’aurait su te distraire et te sauver. Et lorsque tu es parti, lorsque tu nous as quittés, lorsque tu nous abandonnas, je ne sais plus quel mot définitif tu nous jetas à la tête, je dus encore être le responsable, être silencieux et admettre la fatalité, et te plaindre aussi, m’inquiéter de toi à distance et ne plus jamais oser dire un mot contre toi, ne plus jamais même oser penser un mot contre toi, rester là, comme un benêt, à t’attendre. Moi, je suis la personne la plus heureuse de la terre, et il ne m’arrive jamais rien, et m’arrive-t-il quelque chose que je ne peux me plaindre, puisque, à l’ordinaire », il ne m’arrive jamais rien. Ce n’est pas pour une seule fois, une seule petite fois, que je peux lâchement en profiter. Et les petites fois, elles furent nombreuses, ces petites fois où j’aurais pu me coucher par terre et ne plus jamais bouger, où j’aurais voulu rester dans le noir sans plus jamais répondre, ces petites fois, je les ai accumulées et j’en ai des centaines dans la tête, et toujours ce n’était rien, au bout du compte, qu’est-ce que c’était ? je ne pouvais pas en faire état, je ne saurais pas les dire et je ne peux rien réclamer, c’est comme s’il ne m’était rien arrivé, jamais. Et c’est vrai, il ne m’est jamais rien arrivé et je ne peux prétendre. Jean-Luc Lagarce, Juste la fin du monde - Partie II, scène 3 Jean-Luc Lagarce est un dramaturge et metteur en scène de la fin du 20ème siècle dont l’écriture a été influencée par le théâtre de l’absurde et par le roman. Sa pièce Juste la fin du monde, écrite en 1990, témoigne de ces influences mais est aussi d’inspiration autobiographique. Comme lui qui est atteint du Sida, son personnage Louis, écrivain, se sait proche de la mort. Éloigné des siens depuis 10 ans, Louis revient leur annoncer sa fin prochaine. Mais il ne fera pas cet aveu. La première partie permet à Louis de découvrir la vie et les sentiments de sa famille après son départ. La deuxième partie se concentre sur les sentiments violents d’Antoine, le frère de Louis. Après avoir exprimé le refus de l’entendre scène 1, Antoine lui reproche dans une très longue tirade d’avoir pris la posture du mal-aimé pour accaparer tout l’amour de la famille dont tous les membres culpabilisent. Notre passage commence par analyser la culpabilité d’Antoine 1er paragraphe, puis son sacrifice 2ème paragraphe, puis son impuissance 3ème paragraphe. Ainsi, cet extrait nous permettra d’étudier comment cet autoportrait psychologique exploite le topos de l’aveu ou de la confession dans une tonalité tragique. I. Antoine coupable d'être trop aimé lignes 1-12 a Antoine se sent mal-aimé l. 1-5 - l. 1-2 peu à peu » passage de la culpabilité familiale à la culpabilité d’Antoine seul. faute » répété deux fois à la fin du groupe verbal qui forment une gradation croissante culpabilité ; ce ne pouvait être » formule restrictive qui fait d’Antoine le seul coupable comme s’il était désigné par une puissance extérieure comme la fatalité tragique antique. Sous-entend qu’il est innocent. L’individu à la fois innocent et coupable est une caractéristique du tragique moderne. - l. 3-4 expression du sentiment de ne pas être aimé, expliqué puisque » par le détournement de tout l’amour familial sur Louis, mis en valeur par les antithèses trop » / pas assez », reprendre » / donnait pas » - l. 5 conclusion de l’explication précédente Antoine ne se sent pas aimé ; la tristesse de cet aveu est mise en valeur par la brièveté du vers et par la place finale du pronom indéfini rien ». Mais Antoine ne peut pas montrer ce besoin d’amour. b Les deux frères jouent un rôle l. 6-12 - Antoine l. 6-9 champ lexical du bonheur avec énumération des formes verbales à » et verbe à l’infinitif qui développent l’idée d’un rôle joué par Antoine. Le groupe nominal bonté sans intérêt » annonce le sentiment d’inutilité d’Antoine. Le vers 9 est un commentaire d’Antoine sur l’emploi du mot comblé » ; il relève son emploi sans expliciter sa remarque ; on peut l’interpréter comme une forme d’ironie amère il s’étonne d’avoir employé un mot qu’il considère assez soutenu pour plutôt appartenir au vocabulaire de Louis. C’est une manière de se dévaloriser. - Louis le malheur de Louis est mis en valeur par le ton hyperbolique des lignes 10-12 métaphore tu suais le malheur », hyperboles toujours », rien ni personne », sauver » ; mais il est remis en cause par l’adverbe inexplicablement » qui fait comprendre que ce sentiment est sans cause, par le verbe suais » qui renvoie à une posture ostentatoire, et par le verbe distraire » qui peut suggérer, outre un malheur auquel on ne peut pas ne pas penser, que Louis doit se concentrer pour avoir l’air malheureux. Conclusion intermédiaire On devine donc ici la douleur d’Antoine. Le départ de Louis va paradoxalement aggraver son sort II. La soumission tragique du frère sacrifié l. 13-21 a Le départ de Louis l. 13-15 - L’aveu que le départ de Louis a été vécu comme un abandon l. 13-14 mis en valeur par l’épanorthose, la gradation croissante et la place du verbe abandonnas » à la fin. L’emploi du passé simple après deux passés composés, ajoute de la gravité à l’aveu en raison des connotations littéraires de l’emploi de ce temps. - Antoine accuse Louis de cruauté l. 15 mot définitif » peut s’entendre comme une allusion aux talents d’écrivain de Louis qui manie bien les mots et qui a pu être vécu comme cruellement méprisant, mais renvoie aussi au tragique par des synonymes comme irrévocable, irrémédiable, évoquant la fatalité. Le verbe jetas » souligne la violence avec laquelle les paroles de Louis ont été ressenties. b Antoine soumis à la fatalité l. 17-18 - reprise de l’idée de faute par le mot responsable ». - affirmation du registre tragique par l’emploi de fatalité » dont l’inéluctabilité est indiquée par le verbe admettre » et par l’adverbe encore » il n’y échappe pas. c Antoine condamné au silence l. 18-21 - thème du silence silencieux » l. 17, ne plus jamais oser dire un mot » l. 19 ; - la vie d’Antoine est vouée à se soucier de son frère te plaindre » l. 17, m’inquiéter de toi » l. 18 ; les négations associées à contre toi ». - hormis ce souci constant, la vie d’Antoine se vide le groupe verbal rester là » indique l’absence de mouvement ; comme un benêt » suggère l’absence de pensée ; à t’attendre » exprime la posture de toute la famille et rappelle le thème d’une autre pièce de Lagarce évoquant l’attente du retour du frère J'étais dans ma maison et j'attendais que la pluie vienne 1995. Conclusion intermédiaire La vie d’Antoine est entièrement soumise à l’absence de Louis. C’est ce qu’il développe par la suite. III. L’impuissance d'Antoine l. 13-40 a Une vie vide l. 22-29 - l’emploi du présent de l’indicatif suis », arrive », peux » indique un changement Antoine ne parle plus de son passé jusqu’au départ de Louis, mais de sa vie générale, depuis le départ de Louis jusqu’au présent de la pièce. - l’affirmation de la ligne 22 est une antiphrase ironique puisque le superlatif relatif de l’adjectif heureuse » contredit tout ce qui précède et ce qui suit. - il ne m’arrive jamais rien » répété l. 23 et 26, la 2ème fois affirmée pour nier la ligne 24 m’arrive-t-il quelque chose » c’est l’idée qui ne permet pas de croire à l’affirmation précédente. Le pronom rien », déjà employé ligne 5, affirme radicalement le vide de la vie d’Antoine, alors qu’il a une famille. - l. 27-29 Antoine reprend l’idée de la l. 24 sa vie n’est pas entièrement vide, mais cela ne change pas l’impression globale la phrase est inachevée ; ce sens est sous-entendu ceci est exprimé par la qualification de fois » une seule », une seule petite » l’épanorthose renforce la réduction de cette occasion à presque rien. L’adverbe lâchement » rappelle la culpabilité exprimée au début du passage. b Une dépression dissimulée l. 30-34 - transition c’est la poursuite du thème des petites fois » l. 30, 33 repris par elles », les », en ». - il semble que ces petites fois » soient des occasions de confiance et de liberté où il aurait pu montrer son véritable état où j’aurais pu me coucher par terre et ne plus jamais bouger » cette proposition relative donne une image de la mort. La suivante l. 32 aussi mais évoque davantage la dépression. - la ligne 33 explique la violence du personnage le participe passé accumulées » et le groupe nominal des centaines » montre Antoine comme un volcan prêt à entrer en éruption. - Ce portrait psychologique d’Antoine se conclut au bout du compte », l. 34 comme il a commencé, par l’idée de rien » qui est la constante toujours » de cette introspection. Ainsi, sa dépression même est vidée de toute importance. c L’impuissance et la fatalité l. 35-40 - transition la question l. 35 introduit une explication faisant comprendre pourquoi ces petites fois » n’ont aucune valeur. - les lignes 36-38 font se succéder rapidement trois raisons, toutes liées à l’impossibilité d’en parler en faire état », dire », réclamer », mais avec des nuances la 1ère revient à l’impossibilité de se plaindre annoncée l. 6 ; la 2ème à l’interdiction de parler voir l. 19, la 3ème à l’impossibilité de demander quoi que ce soit pour lui-même évoquée l. 8. - les lignes 39-40 ont valeur de conclusion signalée par ailleurs par la présence de deux points finaux en deux étapes, d’abord une comparaison à valeur hypothétique comme si » l. 39 puis une affirmation Et c’est vrai » l. 40. Les mots rien » et jamais », répétés, sont une dernière fois repris, concluant l’introspection d’Antoine sur la négation totale de l’intérêt de sa vie. - les derniers mots et je ne peux prétendre. » sont elliptiques on pourrait ajouter le contraire ». C’est un rappel de la difficulté d’Antoine à parler même au cœur de sa tirade. On peut l’entendre comme une sorte d’excuse il ne faudrait pas que Louis croie que sa longue tirade serait une manière d’affirmer que sa vie vaille quelque chose. Conclusion intermédiaire les verbes voulu » l. 32, peux » l. 24, 38, 40, pu » l. 30, pouvais » l. 36 sont toujours associés à la négation ou à l’irréel valeur du conditionnel et montrent son impuissance, comme s’il était soumis à une fatalité Conclusion Rappel de la problématique comment cet autoportrait psychologique exploite le topos de l’aveu ou de la confession dans une tonalité tragique. Synthèse c’est donc un autoportrait psychologique la culpabilité d’Antoine aboutit au sacrifice de sa propre vie. L’impuissance d’Antoine à échapper à cette relation aliénante est exprimée comme une fatalité. La tonalité tragique se voit aussi dans l’innocence réelle d’Antoine. Le développement de la position du fils aîné dans cette pièce rappelant la parabole du retour du fils prodigue fait donc d’Antoine une construction dramatique relevant d’une forme de tragique moderne dans laquelle la famille tient lieu de malédiction. Ouverture tirade de Phèdre dans Phèdre de Racine autre longue tirade utilisant le topos de l’aveu qui montre une autre forme d’impuissance tragique familiale, celle de résister au désir que lui inspire Hippolyte.
Une crise perso qui crée une crise familiale, ça te rappelle quelque chose ? C’est exactement ce que vit Louis dans la pièce de Jean-Luc Lagarce ! Pour y voir plus clair, voilà Juste la fin du monde résumé pour ton bac de français. C’est parti 🚀 Juste la fin du monde Lagarce Présentation Fiche d’identité 🔍 AuteurJean-Luc Lagarce Date1990 GenreThéâtre Structure2 parties, 1 prologue, 1 intermède et 1 épilogue Principales mises en scèneFrançois Berreur 2007, Michel Raskine 2008 L’œuvre et son auteur ⭐ Sa vie Jean-Luc Lagarce consacre très tôt sa vie au théâtre. Il ne tient pas en place ! Alors qu’il étudie au Conservatoire des arts dramatiques, il fonde avec des potes une compagnie de théâtre, “Le Théâtre de la Roulotte”. Pour créer ses propres pièces, il puise son inspiration chez les grands dramaturges qu’il met en scène. Retrouve par exemple Phèdre de Racine 1982La Cantatrice Chauve de Ionesco 1991Le Malade Imaginaire de Molière 1993L’Île des esclaves de Marivaux 1994 👉 Surprise, son répertoire est plein d’œuvres que t’étudies au bac. Coïncidence ? Pas sûr ! À lire aussi ⭐ Son œuvre De son vivant, il est uniquement reconnu comme metteur en scène. C’est seulement après sa mort en 1995 que la critique salue ses œuvres. C’est la moindre des choses quand on sait qu’il a écrit plusieurs dizaines d’œuvres théâtre, essais, roman et même scénario de ciné ! Aujourd’hui c’est encore l’auteur contemporain le plus joué. Son écriture est caractérisée par le mélange des genres Une écriture lyrique, très poétique, qui doit beaucoup au théâtre classique de Racine. Des personnages qui vivent ou veulent vivre des drames dignes des plus grandes tragédies antiques. On reconnaît par là le théâtre du début du XXe siècle comme celui de Jean Genet Les Bonnes, 1947Une écriture ironique et très directe qui dédramatise le rapport à la maladie, à l’attente ou à la mort. Un style tiré tout droit du théâtre de l’absurde, comme chez Beckett ou Ionesco. 👉 Sa touche perso ses pièces traitent de la difficulté à parler de soi et de son intimité. S’il en parle si bien, c’est qu’il est entièrement confronté à cette épreuve. Il apprend en 1988 qu’il est malade du sida et qu’il n’a plus beaucoup d’années à vivre. Il va bientôt devenir remarquable de ne pas avouer’ qu’on l’a. J’ai le sida, et je l’ai dit publiquement, ou plutôt je n’ai pas cherché à le cacher. Mais je n’ai rien avoué’. J-L Lagarce Entretien avec Lucien Attoun, 04/09/1995 En 1990, il part pendant trois mois à Berlin pour imaginer un double de lui-même, un malade devant annoncer à sa famille qu’il va bientôt mourir. C’est le sujet de Juste la fin du monde ! 💡 Le cycle du théâtre de l’intime Cette pièce ouvre un cycle de trois œuvres Juste la fin du monde 1990 J’étais dans ma maison et j’attendais que la pluie vienne 1994 Le Pays lointain 1995 À lire aussi Personnages 👪 📌 Louis Écrivain de 34 ans, il rend visite à sa mif après 12 ans sans avoir donné de news pour annoncer qu’il est malade du sida et qu’il va bientôt mourir. Solitaire, il s’efface derrière les autres personnages tout en étant au centre de l’attention. C’est un peu le brun ténébreux de série mais qui a une vraie raison d’être torturé. 📌 Antoine C’est le p’tit reuf de Louis. Entre les deux frères, c’est la haine ! Il a 32 ans, une femme et deux enfants. Depuis petit, il est colérique et cherche toujours la baston. Pourtant, c’est lui qui est le plus proche du reste de la famille. Tu captes au fil de la pièce qu’il encaisse la souffrance causée par l’absence de son aîné. 📌 Catherine C’est la meuf d’Antoine. Elle est un peu cheloue elle parle beaucoup pour ne rien dire et augmente le malaise qui règne au sein de la famille. 📌 Suzanne Elle a 23 ans et connaît très peu son frère, parti quand elle avait 6 ans. Elle veut prendre sa liberté mais elle se sent obligée de combler le vide causé par Louis en restant chez leur daronne. 📌 La mère Veuve de 61 ans. Elle ne vit plus vraiment depuis la mort de son mari et le départ de Louis. On la connaît seulement par son rôle de mère de famille. Elle néglige Antoine et Suzanne, qu’elle fait toujours passer derrière les deux figures absentes. Juste la fin du monde résumé 📋 Prologue ⏳ 💡 Fais gaffe ! Louis parle tout seul sur les planches c’est un monologue. Les autres personnages sont présents mais inactifs ils ont la posture du chœur théâtral. Le spectateur ne sait pas s’il est face aux pensées inavouées du personnage ou s’il est mis dans une confidence faite à voix haute Louis est le narrateur de sa propre histoire. Le jeune homme explique qu’il est de retour dans la maison de sa mère où il a grandi avec son frère et sa sœur. Il parle oklm de sa mort imminente, comme s’il gérait complètement la situation. Il a tout prévu rester le dimanche, leur annoncer les dernières news au cours du repas de famille, puis reprendre son train le soir. Tu t’en doutes, ça ne se passe pas tout à fait comme ça. Partie 1 Les 11 scènes reconstituent le passé de la famille, troublé par l’absence du fils aîné. Comme ça fait 12 ans qu’il n’est pas venu, il débarque dans un endroit qu’il ne connaît pas et l’ambiance est hyper reloue. Certaines situations sont même un peu wtf. Alors qu’il doit annoncer sa mort, il se retrouve assis sur le canap’ à écouter Catherine lui parler de sa life ses gosses, sa routine de couple avec Antoine gênant. Quand on connaît Louis et sa fame d’écrivain, les autres persos semblent ultra boring. 💡 Une pièce-paysage Les scènes ne se suivent pas de façon logique. Entre chaque séquence, le narrateur commente ce qui vient de se passer. Il reprend sa place de main character et essaye de contrôler la suite de l’histoire. Tu le vois dans cette partie, qui compte 4 monologues Louis aux scènes 5 et 10 Suzanne scène 3 La Mère scène 8 Entre ces scènes banales, Louis prend cher en reproches ! S’il pensait qu’il pourrait revenir comme si rien ne s’était passé, c’est raté. Personne ne comprend rien ni pourquoi il est parti ni pourquoi il revient. Tout ça donne raison à son attitude de mec incompris, mal-aimé et seul contre tous. 👉 Suzanne aurait souhaité qu’il la prévienne de sa venue. 👉 Antoine ne comprend pas du tout pourquoi il est de retour. 👉 La Mère évoque la vie familiale avant la mort de son mari, comme si rien ne s’était passé depuis. Elle essaye d’expliquer le malaise qui règne entre les membres de la famille, mais galère à trouver ses mots. La situation finit par être super frustrante pour le spectateur qui connaît toutes les réponses aux questions des personnages. Au lieu de leur répondre, Louis s’adresse à nouveau au public pour justifier son retour I,5. Il avoue être parti d’ici pour fuir la maladie. Depuis, il pense que sa famille l’aime moins qu’avant. Il se croit aussi en over control de la mort I,10. Intermède Pendant 9 scènes, les membres de la famille ont un vrai problème pour communiquer ! La mère cherche ses trois enfants dans toute la maison. Dans la dernière scène, elle avoue avoir eu peur que son fils soit de nouveau parti sans le dire. Aux scènes 2 et 5, Suzanne et Catherine demandent des comptes à Antoine sur sa dispute avec Louis. La mif devient un cadre ultra oppressant où tout se sait et tout s’interprète sans que personne se comprenne. 🎧 Écoute vite le début de Juste la fin du monde analysé sur France Culture ! 🔥 Regarde comment faire une fiche de lecture parfaire Partie 2 Elle s’ouvre sur un retournement de situation Louis voit qu’il n’arrive pas à faire son aveu et décide de partir sans rien dire. Les personnages surréagissent le conflit familial éclate ! ⭐ Scène 1 Dans un monologue, le narrateur annonce son départ. Il constate qu’Antoine ne cherche pas à le retenir et y voit le signe qu’il ne l’aime pas. ⭐ Scène 2 Flash-Back sur le gros clash entre les 2 frères. D’un côté, Antoine propose à son frère de le raccompagner. De l’autre, Suzanne essaye de retarder le moment où il partira. Elle semble avoir l’intuition qu’il part pour toujours. Saoulé du comportement de Suzanne, Antoine lui parle trop mal. Sa femme lui dit d’arrêter d’être “brutal”. Il pète un câble sur tout le monde avant de se calmer d’un coup. À ce moment, il prend la place du personnage principal jusqu’à la fin de la pièce. Son impulsivité lui rappelle des souvenirs d’enfance, qu’il déballe. Il explique comment la position de victime adoptée par son aîné lui a fait prendre la place du persécuteur pendant leurs bagarres. ⭐ Scène 3 C’est le premier monologue d’Antoine. Il parle des raisons de sa haine envers Louis. À force que son reuf se plaigne de ne pas être aimé, il s’est mis à culpabiliser et à ne plus jamais se plaindre. Résultat ses darons l’ont complètement négligé. 💡 L’ironie dramatique Pendant cette partie, tu dois ressentir une énorme frustration. Antoine reproche à son frère de continuer à faire sa drama queen. Mais toi, tu sais qu’il souffre vraiment ! C’est l’ironie dramatique. En tant que spectateur, on est au courant de toute la life des persos. Le suspens n’est pas de savoir ce qui va se passer, mais quand ce que tu redoutes va arriver. À lire aussi Épilogue ⌛ Louis est mort et fait part de son seul regret. Spoiler ça n’a rien à voir avec ses relations familiales. Il raconte une balade nocturne à côté d’une voie ferrée. Il a voulu s’arrêter pour pousser un dernier “grand et beau cri” mais ne l’a pas fait. 🎧 La lecture et l’analyse de la fin de Juste la fin du monde sur France Culture ! Juste la fin du monde analyse 🧐 Si t’es amené à aborder en dissertation Juste la fin du monde ou que tu tombes dessus à l’oral du bac, lis cette explication. La crise sous toutes ses formes 💡 Le savais-tu ? Une “crise” c’est bien un moment de galère. Mais il y a de multiples façons de la vivre. Comment la repères-tu ? La réponse dans l’étymologie du mot ! Sa racine, l’indo-européen “krei” juger, passer au crible. En grec, “κριι” c’est la faculté ou la difficulté de se distinguer par son action. Il y a une idée de séparation par rapport à un état antérieur. En latin, la crisis c’est l’assaut de la nature, renvoyant à quelque chose de brutal et d’inattendu. On le retrouve aussi dans le terme cenere qui veut dire décider. Retrouves toutes ces formes dans la pièce de Jean-Luc Lagarce. ✅ Le jugement En revenant, Louis fait tout de suite face au jugement des autres membres de sa mif ! Dans le prénom “Louis” on entend d’ailleurs les mêmes sonorités que dans le pronom “lui” tous le pointent du doigt. 👉 Repère dans le texte les mots du jugement “procès”, “crimes” II,1, “m’accuser”, “m’accable”, “droit”, “juste”, “coupable”… Observe aussi la structure de la pièce. Suzanne commence I,3 et la tension monte ensuite jusqu’au jugement final donné par Antoine II,3 le conflit arrive à son paroxysme avant de se résoudre. Louis encaisse sans jamais rien dire, car il est conscient de sa culpabilité. Il est sacrifié par sa famille. 💡 La scène culte ! Le jugement de Suzanne I,3 “Lorsque que tu es parti -je ne me souviens pas de toi- je ne savais pas que tu partais pour tant de temps, je n’ai pas fait attention, je ne prenais pas garde, je me suis retrouvée sans rien. […] Ce n’est pas bien que tu sois parti, parti si longtemps, ce n’est pas bien et ce n’est pas bien pour moi et ce n’est pas bienpour elle elle ne te le dira pas” ✅ La difficulté à parler Le théâtre repose sur une action à accomplir. Ici, Louis doit avouer sa mort. Juste la fin du monde mobilise le registre tragique. La crise n’est pas la conséquence de l’action mais le fait qu’elle ne s’accomplit jamais. 👉 À la fin, il repart sans avoir rien dit vers la fin de la journée, / sans avoir rien dit de ce qui me tenait à cœur / je repris la route. 💡 La scène culte ! Dès le prologue, le spectateur perçoit que l’action ne se passera pas comme elle est annoncée. “LOUIS. -Plus tard, l’année d’après […] comme on ose bouger parfois, à peine, devant un danger extrême, imperceptiblement, sans vouloir faire de bruit ou commettre un geste trop violent qui réveillerait l’ennemi et vous détruirait aussitôt. […] je décidai de retourner les voir, revenir sur mes pas, aller sur mes traces et faire le voyage, pour annoncer lentement, lentement, avec soin, avec soin et précision -ce que je crois-” Note bien 👆 Le champ lexical du “risque” il hésite à annoncer sa tirets ce qu’il croit » est différent de ce qui va se passer réellement. ✅ Le cri une parole inattendue L’assaut inattendu est incarné par le personnage d’Antoine. Il se révèle de façon “brutale”II,2. C’est sa parole qui surgit à la place de celle de Louis. Il résout le conflit présent au sein de la fratrie. La scène 3 de la partie 2 en donne enfin une explication au conflit. Le silence doit aussi être rompu par Antoine qui, depuis l’enfance, s’efface derrière son grand frère. Je devais faire moins de bruit, te laisser la place, ne pas te contrarier / et jouir du spectacle apaisant enfin de ta survie légèrement prolongée ✅ Le choix de Louis Pour que la crise soit résolue, le personnage qui doit accomplir l’action, Louis, doit en être le maître. Au cours de la pièce il reste pourtant passif et ne maîtrise pas ses propres paroles. Ça se voit dès le prologue où il ne trouve pas le mot juste pour définir son action. Les épanorthoses le fait de reprendre ses mots le montrent bien. Pour annoncer, / dire, / seulement dire, /ma mort prochaine et irrémédiable, / l’annoncer moi-même, en être l’unique messager À partir de la partie 2, c’est Antoine qui lance et accomplit l’action. Le choix de Louis est alors de se sacrifier. Son histoire, c’est finalement celle d’une non-action. De la crise personnelle à la crise familiale ⭐ La crise personnelle Louis a déjà traversé ses interrogations face à la mort. Son retour dans sa maison natale est la résolution de cette première crise. 💡 La scène culte ! Intermède, scène 10. Il revient dans sa maison dans une posture passive. Il sait qu’il s’apprête à vivre son jugement dernier, comme s’il se considérait déjà mort. “Ce “à quoi bon” me ramena à la maison, m’y renvoya, […] Je reviens et j’attends. Je me tiendrai tranquille maintenant, je promets, je ne ferai plus d’histoires, digne et silencieux, ces mots que l’on emploie. Je perds. J’ai perdu” C’est finalement le jugement de sa famille qui est l’action de la pièce. Face à eux, il ne peut plus parler ! Même le cri, c’est Antoine qui le donne à sa place. Dans l’épilogue, il explique que son regret est de ne pas avoir poussé de “grand et beau cri”. ⏯️ Mate la bande-annonce de Juste la fin du monde adapté par Xavier Dolan ⭐ La crise familiale La pièce ne se termine pas sur le regret de ne pas avoir annoncé sa mort. La crise familiale son jugement dernier est la condition de la résolution de sa crise personnelle son rapport à la mort. Tu es face à une métaphore biblique Le mythe de Caïn et Abel Dans la première partie de la pièce, on pense qu’Antoine est jaloux d’être délaissé face à son aîné. Ce serait Caïn dans le mythe biblique. Il tue Abel car Dieu a choisi son offrande et non la sienne. Tu me touches, je te tue. Le fils prodigue Un jeune homme qui quitte sa mif, revient demander pardon après une vie de débauche et suscite la jalousie de son frère, ça te parle ? Cette parabole pose la question du pardon. Le père explique “il fallait bien s’égayer et se réjouir, parce que ton frère que voici était mort et qu’il est revenu à la vie, parce qu’il était perdu et qu’il est retrouvé.” La figure du père est incarnée ici par celle de la mère. Elle ne reproche rien directement à son fils. Partie 3, scène 8, elle lui décrit le bonheur qu’ils pourraient vivre en étant réunis. Le retour de Louis fait surgir cette nouvelle possibilité. Avant qu’il revienne, il était comme mort pour elle. En imaginant ces instants de bonheur familial, elle le fait revivre. On comprend mieux que Louis n’ait pas la force de lui dire qu’il va réellement mourir ! 💡 La scène culte “ LA MÈRE -Ils voudraient tous deux que tu sois plus là, plus présent, plus souvent présent, qu’ils puissent te joindre, t’appeler, se quereller avec toi et se réconcilier […] Tu as quel âge ? Quel âge est-ce que tu as, aujourd’hui ? LOUIS. -Moi ? Tu demandes ? J’ai trente-quatre années. LA MÈRE. –Trente-quatre années. Pour moi aussi, cela fait trente-quatre années. Je ne me rends pas compte Ça fait beaucoup de temps ?” Voilà, t’as maintenant toutes les clefs pour parler comme un pro de la pièce ! À toi de jouer 🚀
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