cheikh anta diop volney et le sphinx

CheikhAnta Diop, Volney et le Sphinx : contribution de Cheikh Anta Diop à l'historiographie mondiale. Théophile Obenga. Présence africaine , Khepera, [1996] Présence africaine; Khepera; 大学図書館所蔵 件 / 全 1 件. 国立民族学博物館 情報管理施設. Présence africaine FI39/909/Obe C961602428. OPAC. 該当する所蔵館はありません. す OBENGA Th : Cheikh Anta DIOP, Volney et le Sphinx Contribution de Cheikh Anta DIOP, à l’histographie mondiale, paris présence Africaine/Khepera, 1996, pp.225-233. DIOP, Ch A : Nations nègre et culture-Paris, présence Africaine, 1954,390p. cet ouvrage a été depuis réédité en 1964 et en 1979. Le professeur Jean DEVISSE était un Origins In the 18th century, Constantin François de Chassebœuf, comte de Volney, wrote about his thoughts on the contentions regarding the race of the ancient Egyptians.In one translation, he noted that "the Copts are the proper representatives of the Ancient Egyptians" due to their "jaundiced and fumed skin, which is neither Greek, Negro nor Positionfrontale et symétrie, principes fondamentaux de l’art pharaonique, tout autant. Rien d’“asiatique”. Le “Maître des Animaux” est un thème de la mythologie royale africaine développé dans la vallée du Nil égypto-nubienne, au Cameroun et au Nigeria, et dans d’autres royaumes africains précoloniaux. CheikhAnta DIOP s’est révélé depuis 1954, date de parution de son ouvrage-phare Nations nègres et culture, comme un puissant savant, préoccupé de repenser l’histoire de l’Afrique noire et de fournir les fondements d’une véritable culture philosophique nègre, en recourant à L’Egypte pharaonique (Ngoma-Binda 1992:122-130 ; Obenga 1990, Bilolo Site De Rencontre Au Cameroun Gratuit. Le Monde Afrique Culture & Style vidéo LE RENDEZ-VOUS DES IDÉES. Retour sur le parcours du scientifique sénégalais qui a bouleversé la vision de l’histoire africaine. Cheikh Anta Diop a été l’un des penseurs africains les plus influents du XXe siècle. Historien, scientifique et homme politique, le chercheur sénégalais a développé la théorie d’une Egypte ancienne profondément africaine. En 1954, il publie sa thèse dans Nations nègres et culture. La parution du livre va susciter l’hostilité du monde scientifique français. Le milieu académique reproche à Cheikh Anta Diop d’avoir une lecture plus politique et idéologique que scientifique de l’histoire africaine. Malgré les controverses, trente-trois ans après sa mort, l’auteur de Civilisation ou barbarie et Antériorité des civilisations nègres continue d’influencer la recherche en histoire africaine, et de manière plus globale la pensée politique, philosophique, économique et culturelle du continent et de ses diasporas. Coumba Kane Vous pouvez lire Le Monde sur un seul appareil à la fois Ce message s’affichera sur l’autre appareil. Découvrir les offres multicomptes Parce qu’une autre personne ou vous est en train de lire Le Monde avec ce compte sur un autre appareil. Vous ne pouvez lire Le Monde que sur un seul appareil à la fois ordinateur, téléphone ou tablette. Comment ne plus voir ce message ? En cliquant sur » et en vous assurant que vous êtes la seule personne à consulter Le Monde avec ce compte. Que se passera-t-il si vous continuez à lire ici ? 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Cet intérêt est nettement perceptible dès Nations nègres et culture où il reste toutefois plus soucieux de raviver les liens entre les langues africaines et de démontrer leur aptitude à dire en totalité la science et la technique. Mais déjà en 1948, dans Quand pourra-t-on parler d’une Renaissance africaine ? il invitait les écrivains à faire des langues du continent le miroir de nos fantasmes, de notre imaginaire et de nos ambitions. Il y revient dans Parenté génétique de l’égyptien pharaonique et des langues négro-africaines et, quasi avec les mêmes mots, dans Civilisation ou barbarie. Si Cheikh Anta Diop élabore ce qu’il appelle une Esquisse d’une théorie esthétique de l’image littéraire en poésie et dans le roman africain, c’est surtout pour stopper la fuite en avant d’auteurs persuadés, assez étrangement, que les mots chargés de traduire leur moi intime ne peuvent leur venir que du dehors. Esprit nuancé et fin, il ne formule pas ce point de vue avec irritation ou sur un ton brusque. Il se défend même, non sans élégance, de reprocher aux écrivains africains l’utilisation provisoire d’une langue étrangère, car note-t-il il n’existe actuellement, pour eux aucune autre expression adéquate de leur pensée ». Il souligne ensuite, avec une lucidité qui cache mal son amertume, ce qu’il nomme un problème dramatique de notre culture» ainsi résumé … nous sommes obligés d’employer une expression étrangère ou de nous taire.» L’idée de haïr une langue humaine, même celle du colonisateur, ne l’effleure jamais. Il ne fait ainsi aucune difficulté pour concéder que les philosophes, manieurs de concepts universels, peuvent espérer formuler leur réflexion dans une langue étrangère. Mais, insiste-t-il, il ne saurait en être de même pour les poètes et les romanciers en raison de leur rapport complexe au réel. Tout auteur de fiction sait en effet qu’il arrive toujours un moment où les mots, ses invisibles compagnons nocturnes, se dérobent à lui, un moment où il se sent comme perdu au pied d’une muraille de silence, un moment où l’écho de sa voix ne lui revient pas. Et plus l’écart entre sa culture de départ et sa langue d’arrivée est grand, plus cette muraille de silence s’avère difficile à escalader. Pour Cheikh Anta Diop, les écrivains africains se trouvent dans cette situation particulière qui les condamne à une certaine maladresse. Il est vrai que certaines fulgurances chez des poètes noirs talentueux – il cite nommément Senghor et Césaire – ont pu donner à tort l’impression qu’une langue d’emprunt peut gambader au-dessus des frontières et traduire notre génie. De l’avis de Diop, il s’agit là d’une illusion mortifère car au final la poésie négro-africaine d’expression française est de bien piètre qualité Une étude statistique révélerait, écrit-il, la pauvreté relative du vocabulaire constitutif des images poétiques [chez l’auteur négro-africain]. Une liste très courte d’épithètes, surtout moraux’ donnerait les termes les plus fréquents valeureux, fougueux, langoureux…» Et Diop d’enfoncer le clou Les termes pittoresques peignant les nuances de couleurs, de goût, de sensations olfactives et même visuelles sont formellement interdits à la poésie négro-africaine parce qu’ils appartiennent au stock du vocabulaire spécifique lié à des coordonnées géographiques». Autant d’observations qui font remonter à la surface ce que le poète haïtien Léon Laleau appellera, en une complainte devenue fameuse, cette souffrance ce désespoir à nul autre égal de dire avec des mots de France ce cœur qui m’est venu du Sénégal.» On est sidéré de constater que c’est un jeune homme d’à peine vingt cinq ans qui pose dans une perspective historique aussi large le vieux dilemme des écrivains africains… Il pointe d’emblée le double manque d’auteurs qui, sans écrire en bambara, en moré ou en wolof, n’écrivent pas non plus tout à fait en français. D’habiter cet entre-deux-langues crée un malaise en quelque sorte structurant ce déficit-là est aussi un défi que, du Nigerian Amos Tutuola à l’Ivoirien Ahmadou Kourouma en passant par le Sénégalais Malick Fall, chacun s’est efforcé de relever à sa manière. C’est ce mal-être linguistique que l’on trouve à l’origine de bien des révolutions formelles en littérature négro-africaine, de toutes ces tentatives de violer la langue française pour lui faire des petits bâtards » pour reprendre un mot célèbre de Massa Makan Diabaté. Il permet aussi de comprendre l’émoi suscité par les romans de Tutuola ou, naturellement, ce qu’on peut appeler le modèle Kourouma». Parenté génétique de l’égyptien pharaonique et des langues négro-africaines analyse sans les mentionner ces manœuvres de contournement ou, si l’on préfère, ce boitillement esthétique. Cheikh Anta Diop évoque après Sartre la nécessité pour le poète négro-africain de dégorger » les mots français de leur blancheur » avant de pouvoir en faire un usage efficace. Et le génie de Césaire, souligne Diop, c’est d’avoir su inventer une langue propre» et d’une vibrante authenticité, qui n’a rien à voir avec le français ou le créole. De cette remarque de l’auteur de Civilisation ou barbarie, on peut déduire, avec quelque malice j’en conviens, que Césaire est l’ancêtre lointain et bien plus délirant de Kourouma. Mais la dé-francisation du français » dont parle Sartre n’est aux yeux de Cheikh Anta Diop qu’un simple palliatif. Voici ce qu’il écrivait dans Quand pourra-t-on parler d’une Renaissance africaine ? Tout en reconnaissant le grand mérite des écrivains africains de langue étrangère, nous ne saurions nous empêcher de les classer dans la littérature de la langue qu’ils ont utilisée.» C’est ce que dira plus tard le Kenyan Ngugi Wa Thiong’o dans Decolonizing the mind, sur un ton plus rude, à propos de ses confrères de langue anglaise. Et à mon humble avis, cette remarque sur l’identité du texte est valable même pour les œuvres en rupture avec les normes de la langue d’emprunt Les soleils des Indépendances a beau faire exploser du dedans la prosodie française, il reste un roman français. En résumé, Cheikh Anta Diop avertit les écrivains de son époque vous allez tout droit vers l’impasse, le ver est dans le fruit que vous croquez à si belles dents. Il faut signaler au passage qu’il compte de nombreux amis parmi ceux qu’il critique ; on peut imaginer que certains d’entre eux sont allés le soutenir bruyamment contre une institution académique obtuse lors de sa soutenance à la Sorbonne ; sans doute aussi a-t-il discuté avec quelques-uns de leurs manuscrits. Cette proximité garantit la qualité humaine du dialogue et lui donne de la hauteur. C’est d’ailleurs un poète, et non des moindres, qui a été le premier à comprendre et à dire dans Discours sur le colonialisme, l’importance de Nations nègres et culture, l’ouvrage le plus audacieux qu’un Nègre ait jusqu’ici écrit et qui comptera, à n’en pas douter, dans le réveil de l’Afrique.» Mais cet homme est si singulier qu’il faut bien croire qu’il vient d’ailleurs. S’il mesure si bien l’importance de l’imaginaire chez les peuples spoliés de leur histoire, c’est en référence à une poésie bien éloignée de celle de ses camarades du Quartier latin il a en tête, quand il leur parle, les vers de Serigne Mbaye Diakhaté, Mame Mor Kayré et Serigne Moussa Kâ, qui lui sont familiers depuis sa tendre enfance. Cheikh Anta Diop a-t-il seulement été entendu de ses contemporains ? Je répondrai sans hésiter non. C’est que son propos était, littéralement hors de saison. Un petit flasback nous fera revivre cette époque de grande fébrilité idéologique. Alioune Diop, qui avait déjà fondé Présence africaine » en 1947, organise les Congrès de Paris et Rome en 56 et 59. Ce sont, pour les intellectuels et écrivains noirs progressistes, des années d’emportement lyrique l’écriture est un long cri et même de purs théoriciens comme Fanon s’expriment souvent en poètes. Tous se donnent pour mission de guider leurs peuples sur les chemins de la liberté et celle-ci leur semble toute proche. Il faut donc aller vite, il n’est pas question de finasser. Cette jeunesse impatiente veut tout, tout de suite, et se sent presque irritée par la complexité du monde. Tous savent bien, par exemple, que les langues coloniales sont un cadeau empoisonné mais ils ne peuvent se permettre de les rejeter avec mépris pour l’heure ce sont elles qui font tenir ensemble les combattants, lesquels y puisent pour ainsi dire leurs mots de passe. Nous sommes du reste, ne l’oublions pas, au temps du marxisme triomphant et on se fait vite suspecter de chauvinisme étroit ou de remise en cause du primat de la lutte des classes. C’est peut-être David Diop qui exprime le mieux cette pression de l’urgence politique lorsqu’il observe en mars 56 dans sa Contribution au débat sur les conditions d’une poésie nationale Certes, dans une Afrique libérée de la contrainte, il ne viendrait à l’esprit d’aucun écrivain d’exprimer autrement que par sa langue retrouvée ses sentiments et ceux de son peuple. Dans ce sens, la poésie africaine d’expression française coupée de ses racines populaires est historiquement condamnée». L’auteur de Coups de pilon est ainsi l’un des premiers à suggérer une littérature négro-africaine de transition, idée qui ne gênait en rien Cheikh Anta Diop. [Conférence de presse RND relais ex-Route de Ouakam.] Ces réflexions ne sont évidemment pas transposables telles quelles dans les colonies britanniques ou portugaises mais les similitudes restent assez fortes. Elles le sont à un point tel que Ngugi Wa Thiong’o arrivera à partir de 1964 aux mêmes conclusions que Cheikh Anta Diop sans l’avoir jamais lu et que la publication en 1966 par l’Ougandais Okot P’Bitek de Song of Lawino, est un événement autant par sa valeur poétique que par sa langue d’écriture, le luo. Toutefois, ce qui rend le plus inaudible Cheikh Anta Diop, c’est ce que j’appelle souvent le péché originel » de la littérature négro-africaine dès le départ, l’écrivain se veut un porte-voix. Il ne parle donc pas à son peuple, il parle pour son peuple. De ces bonnes intentions libératrices naît un tête-à-tête avec le colonisateur qui change tout. En dénonçant les crimes de la conquête, c’est à l’oppresseur qu’il veut faire honte et cela n’est possible que dans la langue de ce dernier. Voilà pourquoi tant d’écrivains africains engagés, voire franchement militants ont été si à l’aise avec la langue française. Pour certains d’entre eux, il s’agissait surtout de dire à l’Européen Vous avez tort de nous dépeindre comme des sauvages ». Cheikh Anta Diop, qui voit le piège se refermer sur les écrivains africains, aimerait les voir moins sur la défensive. Il ne suffit pas selon lui de réfuter la théorie de la table rase’. Il s’emploie dès lors à contester les pseudo-arguments visant à dénier aux langues africaines tout potentiel d’expression scientifique ou littéraire. Il traduit ainsi dans Nations nègres et culture, un résumé du Principe de la relativité d’Einstein, un extrait de la pièce Horace de Corneille et La Marseillaise. C’est aussi à l’intention de ces mêmes écrivains arguant de la multiplicité des langues africaines – pour mieux justifier l’usage du français ou de l’anglais – qu’il démontre leur essentielle homogénéité. Au fond, il leur dit ceci l’Afrique, mère de l’humanité, a fait de vous les maîtres du temps et lorsque les autres sont entrés dans l’Histoire, vous les avez accueillis à bras ouverts car vous, vous y étiez déjà, bien en place. Il veut surtout leur donner le courage d’oser rebrousser chemin, n’hésitant pas à leur offrir en exemple Ronsard, Du Bellay et tous les auteurs de La Pléiade qui avaient pris leurs responsabilités historiques en remettant en cause l’hégémonie du latin. Le plus ardent désir de Cheikh Anta Diop, c’était d’éviter à l’Afrique qui a inventé l’écriture, d’être le seul continent où langue et littérature se tournent si résolument le dos. Mais c’était un dialogue de sourds – une expression que lui-même utilise d’ailleurs à propos de son différend avec les égyptologues occidentaux. Il était dans l’Histoire et on lui opposait des arguments subalternes du genre il nous faut bien vendre nos ouvrages», nos peuples ne savent ni lire ni écrire»… Mais qui donc a jamais su lire et écrire une langue sans l’avoir apprise ? Sur ce point précis, Cheikh Anta Diop rappelle à maintes reprises à ses interlocuteurs le cas de l’Irlande qui a sauvé le gaélique de la mort en le remettant en force dans son système éducatif. Cependant, derrière toutes les arguties des intellectuels africains il repère, comme indiqué dans Civilisation ou barbarie, un processus d’acculturation ou d’aliénation» auquel il est impératif de mettre au plus vite un terme. Acculturation ? Aliénation ? Voici un passage de À rebrousse-gens, troisième volume des Mémoires de Birago Diop où celui-ci répond directement à Cheikh Anta Diop. Tous deux, jeunes étudiants en France venus passer de brèves vacances au pays, se retrouvent à Saint-Louis. Birago raconte à sa manière désinvolte et volontiers sarcastique J’avais appris dans la journée que Cheikh Anta Diop faisait une conférence sur l’enseignement des mathématiques en langue wolof.’ J’y ai été.» Par amitié pour l’orateur sans doute car le sujet ne le passionne pas vraiment. Il avoue même avoir essayé de coller ce jour-là son copain en lui demandant de traduire en wolof les mots angle » et ellipse ». Au terme de son récit, l’écrivain redit son admiration pour le fervent égyptologue qui a combattu tant de préjugés» avant de trancher tout net J’étais et je demeure inconvaincu.» Et Birago d’ajouter ceci, qui à l’époque ne valait pas seulement pour lui Peut-être suis-je toujours et trop acculturé. Irrémédiablement.» À mon avis, on aurait tort de prendre cette confession au pied de la lettre Birago Diop, d’un naturel sceptique et irrévérencieux, s’exprime ainsi par allergie à tout ce qui lui semble de l’idéologie mais ne rejetait en rien ses racines. Cheik Aliou Ndao le sait bien, qui lui lance dans un poème de Lolli intitulé Baay Bi- raago jaa-jëf» Dëkkuloo Cosaan di ko gal-gal’. Aujourd’hui, un demi-siècle après ce duel à distance entre deux de nos grands hommes, il est clair que les pires craintes de Cheikh Anta Diop se sont vérifiées. En vérité le visage actuel de la littérature négro-africaine d’expression française n’est pas aussi beau à voir qu’on cherche à nous le faire croire. J’en parle du dedans, avec l’expérience de celui qui a publié son premier roman il y a trente cinq ans. L’essentiel s’y joue aujourd’hui en France et on peut dire que le fleuve est retourné à sa source, sur les bords de la Seine où Cheikh Anta Diop l’a vue naître. Le phénomène s’est accentué après une période, trop courte hélas, où de grandes initiatives éditoriales au Sénégal, au Cameroun et en Côte d’Ivoire, par exemple, ont fait émerger des institutions littéraires crédibles et des auteurs respectés. Mais à la faveur du marasme économique, l’Hexagone a vite repris sa position centrale. C’est au dehors que nos œuvres sont publiées, validées de mille et une manières avant de nous revenir, sanctifiées en quelque sorte par des regards étrangers. Nos livres étant rendus difficilement accessibles par leur prix et par leur langue, nous sommes de ces auteurs dont le public a entendu parler mais qu’il n’a guère lus nous sommes des écrivains par ouï-dire. Si j’osais pousser la taquinerie plus avant, je dirais que chez nous bien des réputations littéraires reposent sur ce malentendu fondamental. Un des signes du désastre, c’est que dans certains pays africains aucun texte de fiction n’est publié dans des conditions normales. Un ou deux noms constituent à eux seuls tout le paysage littéraire et, pour le reste, quelques histrions outrancièrement médiatisés en Occident font oublier ce vide sidéral sur le continent lui-même. En somme, le tête-à-tête originel se perpétue mais l’écrivain africain a revu sa colère à la baisse seul fait recette l’afro-pessimisme qui dort, comme chacun sait, dans le même lit que le racisme le plus abject. Le profil type de cet auteur est facile à esquisser il ne lui suffit pas de cracher tout le temps sur l’Afrique, il prétend aussi qu’étant né après les indépendances il n’a rien à dire sur la colonisation et encore moins sur la Traite négrière, qu’il aimerait bien que nous arrêtions de jouer aux victimes et d’exiger des autres une absurde repentance. Bref, cette littérature qui se voulait négro-africaine à l’origine, est bien contente de n’être aujourd’hui que négro-parisienne. Si j’ai peint un tableau aussi sombre, c’est qu’il me semble crucial que nous nous gardions de tout optimisme de façade. Je veux dire par là que oui, trente ans après la mort de Cheikh Anta Diop, l’on n’est considéré comme un véritable écrivain en Afrique qu’à partir de l’anglais, du portugais ou du français. On entend encore souvent des auteurs de la génération de Diop et d’autres beaucoup plus jeunes dire avec sincérité leur préférence pour ces langues européennes. La situation complexe de certains de nos pays est selon eux une des preuves de l’impossibilité, voire du danger, de promouvoir le senoufo, le yoruba et le beti par exemple ou de s’en servir comme instrument de création littéraire. Il est certain que la fragmentation linguistique est décourageante, même si Cheikh Anta Diop prend toujours soin de la relativiser. Comment y faire face ? Certains ont suggéré de forcer la main au destin en gommant toutes nos différences. Mais toujours clairvoyant et ennemi de la facilité, ce grand panafricaniste n’hésite pas à écrire dans Nations nègres et culture que L’idée d’une langue africaine unique, parlée d’un bout à l’autre du continent, est inconcevable, autant que l’est aujourd’hui celle d’une langue européenne unique.» À quoi on peut ajouter qu’elle comporte le risque d’un terrible assèchement. J’ai entendu des intellectuels accuser Ayi Kwei Armah de préconiser, justement, cette langue africaine commune. Ce n’est pas du tout ainsi que j’ai compris le chapitre de Remembering the dismembred continent où le grand romancier ghanéen s’efforce de trouver une solution à ce qu’il appelle notre problème linguistique». Il propose simplement une démarche politique volontaire qui ferait du swahili ou – ce qui a sa préférence – d’une version adaptée de l’égyptien ancien, l’outil de communication internationale privilégié des Africains. Cela rejoint, en creux, le plaidoyer de Cheikh Anta Diop en faveur d’humanités africaines fondées sur l’égyptien ancien. Cela dit, dans des pays comme le Cameroun, le Gabon ou la Côte d’Ivoire aucune solution ne paraît envisageable pour l’heure. Est-ce une raison pour se résigner à un statu quo général ? Je ne le pense pas, car cela voudrait dire que chaque fois que nous ne pouvons pas faire face ensemble à une difficulté particulière, nous devons tous rester en position d’attente sur la ligne de départ. Je pense au contraire que là où les conditions sont réunies, il faut se mettre en mouvement en pariant sur l’effet de contagion d’éventuelles réussites singulières. Des frères venus du Mali, de Mauritanie et du Burkina Faso nous feront profiter ce matin des expériences dont ils sont du reste bien souvent des acteurs de premier plan. Pour ma part je vais essayer de montrer, par un bref état des lieux, la dette immense du Sénégal à l’égard de Cheikh Anta Diop. C’est lui-même qui raconte en 1979, dans sa Présentation’ de l’édition de poche de Nations nègres et culture la mésaventure de Césaire qui … après avoir lu, en une nuit, toute la première partie de l’ouvrage… fit le tour du Paris progressiste de l’époque en quête de spécialistes disposés à défendre avec lui, le nouveau livre, mais en vain ! Ce fut le vide autour de lui.» C’est que Césaire, on l’a vu, avait pris l’exacte mesure du texte qui a eu l’influence la plus profonde et la plus durable sur les Noirs du monde entier. Dans Nan sotle Senegaal’, un des poèmes de son recueil Taataan, Cheik Aliou Ndao dit clairement que Nations nègres et culture est à la source de sa vocation d’écrivain en langue wolof Téereem bu jëkk baa ma dugal ci mbindum wolof Te booba ba tey ñàkkul lu ma ci def.» L’auteur de Jigéen faayda et de Guy Njulli fait sans doute ici allusion au fameux Groupe de Grenoble’, né lui aussi, très concrètement, du maître-livre de Cheikh Anta Diop. Sa lecture a en effet décidé des étudiants sénégalais – Saliou Kandji, Massamba Sarré, Abdoulaye Wade, Assane Sylla, Assane Dia, Cheik Aliou Ndao, le benjamin, etc. – à se constituer en structure de réflexion sur les langues nationales, allant jusqu’à produire par la suite un alphabet dénommé Ijjib wolof. Et plus tard, les travaux de Sakhir Thiam – en qui Cheikh Anta Diop voit explicitement un de ses héritiers dans sa conférence-testament de Thiès en 1984 – de Yéro Sylla, Arame Faal ou Aboubacry Moussa Lam, ont été dans la continuité de ce combat. On peut en dire de même de la revue Kàddu initiée par Sembène, Pathé Diagne et Samba Dione, qui en fut – on oublie souvent de le préciser – la cheville ouvrière. Ce sont là quelques-uns des pionniers qui ont rendu possibles les avancées actuelles. Il est frappant, et particulièrement émouvant, de constater que chez nous l’accélération de l’Histoire s’est produite peu de temps après la disparition du savant sénégalais, plus exactement à partir de la fin des années 80. Cheikh Anta Diop a semé puis il est parti. Cela signifie que de son vivant il n’a jamais entendu parler de maisons d’édition comme ARED, Papyrus-Afrique ou OSAD – pour ne citer que les plus connues ; en 1986, Cheik Aliou Ndao, déjà célébré pour L’exil d’Alboury, n’a encore publié aucun de ses quinze ouvrages en wolof dans tous les genres littéraires-poésie, théâtre, roman, nouvelle, essai et livres pour enfants. Il faudrait peut-être d’ailleurs ajouter à cette liste son livre d’entretien avec Góor gi Usmaan Géy dans lequel celui-ci revient, en termes inspirés, sur une rencontre fortuite à Pikine avec Cheikh Anta Diop chez un de leurs amis communs, le vieux Ongué Ndiaye ; Diop n’a pas eu le bonheur de tenir entre ses mains Aawo bi de Maam Younouss Dieng, Mbaggu Leñol de Seydou Nourou Ndiaye, Yari Jamono de Mamadou Diarra Diouf, Ja- neer de Cheikh Adramé Diakhaté, Séy xare la de Ndèye Daba Niane, Booy Pullo d’Abdoulaye Dia ou Jamfa de Djibril Moussa Lam, un texte que les connaisseurs disent être un chef-d’œuvre. Sans doute le CLAD faisait-il déjà un travail remarquable mais on peut bien dire que l’essentiel de la production scientifique d’Arame Fal et de Jean-Léopold Diouf a été publié après la disparition de Cheikh Anta Diop. S’il revenait en vie, Cheikh Anta Diop serait rassuré de voir que désormais dans notre pays le député incapable de s’exprimer dans la langue de Molière n’est plus la risée de ses pairs et que le parlement sénégalais dispose enfin d’un système de traduction simultanée interconnectant nos langues nationales. Mais ce qui lui mettrait vraiment du baume au cœur, ce serait de voir que des jeunes, souvent nés après sa mort, ont pris l’initiative de sillonner le pays pour faire signer une pétition demandant l’enseignement de la pensée de celui qui fut pendant si longtemps interdit d’enseignement… Et que l’un des initiateurs de cette pétition a, depuis Montréal et sur fonds propres, produit en octobre 2014 le premier film documentaire sur Serigne Mor Kayré et travaille en ce moment sur le second consacré à celui qu’il appelle l’immense Serigne Mbaye Diakhaté.» ; que l’université Gaston Berger de Saint-Louis a formé les premiers licenciés en pulaar et en wolof de notre histoire. Il ne lui échapperait certes pas que la volonté politique n’y est toujours pas, dans notre curieux pays, qui réussit le tour de force de rester si farouchement francophile alors qu’il a cessé depuis longtemps d’être… francophone ! L’Etat sénégalais a financé une grande partie de la production littéraire en langues nationales et il serait injuste de ne pas l’en créditer. Il n’en reste pas moins que, pour l’essentiel, ces résultats ont été obtenus grâce à des initiatives militantes, dans des conditions difficiles, souvent d’ailleurs au prix de gros sacrifices personnels de disciples de Cheikh Anta Diop. Renversant les termes de la question initiale, on peut se demander aujourd’hui que disent les écrivains sénégalais à Cheikh Anta Diop ? Il ne fait aucun doute que sans lui la littérature sénégalaise en langues nationales ne serait pas en train de prendre une telle envergure. En 1987 un numéro spécial de la revue Ethiopiques » intitulé Teraanga ñeel na Séex Anta Jóob, préfacé par Senghor, réunit des hommages de Théophile Obenga, Buuba Diop et Djibril Samb, entre autres ; de son côté, L’IFAN a publié grâce à Arame Faal une anthologie poétique en wolof entièrement sous le titre Sargal Séex Anta Jóob. Le recueil date de 1992 mais la plupart de ses 23 poèmes ont été écrits immédiatement après la mort du savant, sous le coup de l’émotion. Tous rendent certes hommage à l’intellectuel hors normes mais aussi, avec une frappante unanimité, à la personne, à ses exceptionnelles qualités humaines. Les auteurs de cette importante anthologie ne sont naturellement pas les seuls à savoir ce qu’ils lui doivent. Même ceux qui ne lui consacrent pas un poème comme Ceerno Saydu Sàll – Caytu, sunu këru démb, tey ak ëllëg’ dans Suuxat – lui dédient tel ou tel de leurs ouvrages ou rappellent son influence. C’est le cas de Abi Ture, auteure en 2014 de Sooda, lu defu waxu et de Tamsir Anne, qui a publié en 2011 Téere woy yi, tra- duction en wolof de Goethe, Heinrich Heine, Bertold Brecht et d’autres classiques allemands. Cette allégeance intellectuelle à Cheikh Anta Diop si généralisée, vient aussi de très loin et pourrait même être analysée comme une pratique d’écriture spécifique. Je ne veux pas conclure cette conversation en donnant l’impression d’un optimisme béat il reste beaucoup à faire car les forces qui ont voulu réduire au silence Cheikh Anta Diop ne désarment jamais. Notre territoire mental est toujours aussi sévèrement quadrillé et, encore une fois, le désir de basculer sur la pente de notre destin [linguistique] » est loin d’être largement partagé. On n’en est pas moins impressionné par les immenses progrès réalisés en quelques décennies dans le domaine des littératures en langues nationales. Si pour paraphraser Ki-Zerbo nous refusons de nous coucher afin de rester vivants, le rêve de Cheikh Anta Diop ne tardera pas à devenir une réalité. Cheikh Anta Diop né le 29 décembre 1923 à Diourbel - mort le 7 février 1986 à Dakar est un historien et anthropologue sénégalais. Il a mis l'accent sur l'apport de l'Afrique et en particulier de l'Afrique noire à la culture et à la civilisation mondiales. Ses thèses restent aujourd'hui contestées, et peu reprises dans la communauté scientifique occidentale[réf. nécessaire].L'homme et l'½uvre [Cheikh Anta Diop est né le 29 décembre 1923 à Théytou, dans la région de Diourbel Sénégal. À l'âge de 23 ans, il part à Paris pour étudier la physique et la chimie mais se tourne aussi vers l'histoire et les sciences sociales. Il suit en particulier les cours de Gaston Bachelard et de Frédéric Joliot-Curie1. Il adopte un point de vue spécifiquement africain face à la vision de certains auteurs de l'époque, selon laquelle les Africains sont des peuples sans 1951, Diop prépare sous la direction de Marcel Griaule une thèse de doctorat à l'Université de Paris, dans laquelle il affirme que l'Égypte antique était peuplée d'Africains noirs2 et que la langue et la culture égyptiennes se sont ensuite diffusées dans l'Afrique de l'Ouest. Il ne parvient pas dans un premier temps à réunir un jury, mais d'après Doué Gnonsoa, sa thèse rencontre un grand écho » sous la forme d'un livre, Nations nègres et culture, publié en 19543. Il obtiendra finalement son doctorat en 1960. Il poursuit dans le même temps une spécialisation en physique nucléaire au laboratoire de chimie nucléaire du Collège de France. Diop met à profit sa formation pluridisciplinaire pour combiner plusieurs méthodes d' s'appuie sur des citations d'auteurs anciens comme Hérodote4 et Strabon pour illustrer sa théorie selon laquelle les Égyptiens anciens présentaient les mêmes traits physiques que les Africains noirs d'aujourd'hui couleur de la peau, aspect des cheveux, du nez et des lèvres. Son interprétation de données d'ordre anthropologique comme le rôle du matriarcat et archéologique l'amènent à conclure que la culture égyptienne est une culture nègre ». Sur le plan linguistique, il considère en particulier que le wolof, parlé aujourd'hui en Afrique occidentale, est génétiquement apparenté à la langue égyptienne est un des historiens controversés de son époque[réf. nécessaire]. Lorsqu'il obtient son doctorat en 1960, c'est avec la mention honorable, ce qui en pratique, l'empêche d'enseigner en France. Il revient au Sénégal enseigner comme Maître de Conférences à l'Université de Dakar, désormais renommée Université Cheikh Anta Diop UCAD5. C'est seulement en 1981 qu'il y obtiendra le titre de professeur. Mais dès 1966, il crée au sein de cette Université de Dakar le premier laboratoire africain de datation des fossiles archéologiques au radiocarbone6. ; en collaboration avec celui du Commissariat français à l'énergie atomique CEA de Gif-sur-Yvette. Il y effectue également des tests de mélanine sur des échantillons de peau de momies égyptiennes, dont l'interprétation permettrait, selon Diop, de confirmer les récits des auteurs grecs anciens sur la mélanodermie des anciens les années 1970, Diop participe au comité scientifique qui dirige, dans le cadre de l'UNESCO, la rédaction d'une Histoire générale de l'Afrique. Dans le cadre de la rédaction de cet ouvrage, il participe en 1974 au Colloque international du Caire où il confronte les méthodes et résultats de ses recherches avec ceux des principaux spécialistes mondiaux. A la suite de ce colloque international, il lui est confié la rédaction du chapitre consacré à l'Origine des anciens Égyptiens. Le rapport final8 du colloque mentionne l'accord des spécialistes —à l'exception d'un— sur les éléments apportés par Cheikh Anta Diop et Théophile Obenga au sujet de la filiation entre la culture égyptienne ancienne et les cultures africaines. Ainsi, pour le professeur Jean Vercoutter l'Égypte était africaine dans son écriture, dans sa culture et dans sa manière de penser ». Le professeur Leclant a reconnu ce même caractère africain dans le tempérament et la manière de penser des Égyptiens. La communauté scientifique reste néanmoins partagée sur la nature du peuplement de l'Égypte ancienne principalement composé de Noirs jusqu'à la perte de l'indépendance pour certains, mixte selon d'autres ailleurs, dès 1947, Diop s'engage politiquement en faveur de l'indépendance des pays africains et de la constitution d'un État fédéral en Afrique. Jusqu'en 1960, il lutte pour l'indépendance de l'Afrique et du Sénégal et contribue à la politisation de nombreux intellectuels africains en France. Entre 1950 et 1953, il est secrétaire général des étudiants du Rassemblement démocratique africain 9 et dénonce très tôt, à travers un article paru dans La Voix de l'Afrique noire, l'Union française, qui, quel que soit l'angle sous lequel on l'envisage, apparaît comme défavorable aux intérêts des Africains ». Poursuivant la lutte sur un plan plus culturel, il participe aux différents congrès des artistes et écrivains noirs et, en 1960, il publie ce qui va devenir sa plate-forme politique Fondements économiques et culturels d'un futur Etat fédéral en Afrique »Selon Doué Gnonsoa, Diop sera l'un des principaux instigateurs de la démocratisation du débat politique au Sénégal, où il animera l'opposition institutionnelle au régime de Léopold Sédar Senghor, à travers la création de partis politiques le FNS en 1961, le RND en 1976, d'un journal d'opposition Siggi, renommé par la suite Taxaw et d'un syndicat de paysans. Sa confrontation, au Sénégal, avec le chantre de la Négritude serait l'un des épisodes intellectuels et politiques les plus marquants de l'histoire contemporaine de l'Afrique Anta Diop meurt dans son sommeil à Dakar, le 7 février 1986. Avec Théophile Obenga et Asante Kete Molefe, il est considéré comme l'un des inspirateurs du courant épistémologique de l'afrocentricité[réf. nécessaire]. En 1966, lors du premier festival des arts nègres de Dakar, Diop a été distingué comme l'auteur africain qui a exercé le plus d'influence sur le XXe siècle12 ».La théorie historiographique de Cheikh Anta Diop [Cheikh Anta Diop a rassemblé les résultats de ses travaux dans le dernier ouvrage qu'il a publié avant son décès intitulé Civilisation ou barbarie, anthropologie sans complaisance13 ; où il expose sa théorie historiographique, tout en tentant de répondre aux principales critiques que son oeuvre a suscitées chez les historiens et égyptologues de mauvaise foi » des civilisations nègres [Selon Diop15, l'homme homo sapiens, est apparu sous les latitudes tropicales de l'Afrique, dans la région des Grands Lacs. La chaîne d'hominisation africaine serait la seule qui soit complète, la plus ancienne et également la plus prolifique. Ailleurs on trouverait des fossiles humains représentant des maillons épars d'une séquence d'hominisation pose que les premiers homo sapiens devaient être probablement de phénotype noir, parce que selon la règle de Gloger, les êtres vivants originaires des latitudes tropicales sécrètent plus de mélanine dans leur épiderme, afin de se protéger des rayonnements solaires. Ce qui leur confère une carnation aux nuances les plus sombres ou les moins claires. Pour lui, pendant des millénaires, il n'y a eu d'hommes sur Terre que de Nègres16 », nulle part ailleurs dans le monde qu'en Afrique, où les plus anciens ossements d'hommes "modernes" découverts ont plus de 150 000 ans d'âge17 ; tandis qu'ailleurs les plus vieux fossiles humains ex. Proche-Orient ont environ 100 000 Günter Bräuer, les fossiles humains sont d'autant plus anciens qu'ils se trouvent en Afrique, au c½ur de l'Afrique. Tandis qu'ils sont d'autant plus récents qu'ils se trouvent hors de l'Afrique, loin de l'Afrique18. D'après Yves Coppens, aucune exception n'a encore été apportée à cette règle de cohérence de la théorie Out of Africa », qui reste la seule à présenter un si haut degré de l'Afrique est le berceau de l'humanité », alors selon Diop les plus anciens phénomènes civilisationnels ont dû nécessairement avoir eu lieu sur ce continent20. Donc, non seulement l'Afrique a un passé, mais aussi l'histoire de l'Afrique serait inaugurale, voire matricielle.[réf. nécessaire] Selon Nathalie Michalon, né en Afrique21, l'homme y expérimente les plus anciennes techniques culturelles avant d'aller conquérir la planète, précisément grâce à elles. C'est ainsi que la fabrication d'outils lithiques, la poterie, la sédentarisation, la domestication, l'agriculture, la cuisson, etc. sont attestées en Afrique antérieurement à tout autre endroit du monde[réf. nécessaire] Diop23, comme l'Afrique a une superficie approximative de trente millions de kilomètres carrés, on imagine que la seule hominisation de tout cet espace a dû prendre plusieurs millénaires. En sorte que les fossiles/phénomènes humains de la moitié Sud de l'Afrique sont généralement plus anciens que ceux de sa moitié Nord. Selon un bulletin de l'IFAN, cette immensité géographique du premier environnement d'homo sapiens, compte tenu de sa grande diversité climatique, a eu pour autre conséquence de différencier très tôt l'humanité africaine, des points de vue phénotypique et bout de plusieurs autres millénaires, des colonies humaines auraient émigré dans les régions limitrophes de l'Afrique. Là où sont attestés les plus anciens fossiles humains après ceux de l'Afrique, c'est-à-dire en Asie méridionale et en Europe méridionale.[réf. nécessaire] La principale cause naturelle des premières migrations humaines consisterait dans les évolutions climatiques en la succession de périodes pluvieuses et de sècheresses en Afrique, correspondant respectivement à des périodes de glaciation et/ou de précipitation dans ses contrées limitrophes, en Europe méridionale et au Proche-Orient. Selon Diop, l'homo sapiens aurait suivi, dans les premiers temps, la disponibilité naturelle des ressources alimentaires animales et végétales au gré des conjonctures climatiques ; en empruntant toujours les voies naturelles de sortie de l'Afrique Sicile, Italie du Sud, isthme de Suez, détroit de Gibraltar25. Selon le site internet Hominides, les catalyseurs culturels de cette migration consisteraient dans la maitrise du feu26, qui permettant de vivre dans des contrées tempérées, et selon Diop, l'invention de la navigation27 permettant de traverser de vastes étendues Théophile Obenga, jusqu'à la première moitié du XXe siècle, cette perspective historiographique de Diop est aux antipodes de ce qui est communément diffusé28 ; depuis Hegel, Hume, Kant, Rousseau, Hobbes, Marx, Weber, Renan, etc. En sorte que son Nations nègres et culture serait le premier ouvrage de cette envergure à étudier l'histoire de l'Afrique antérieure aux traites négrières arabe et européenne, dans les temps les plus anciens. Toujours selon Obenga, Diop y introduit une profondeur diachronique qu'il n'y avait pas ; à la différence radicale des travaux ethnologiques ou anthropologiques généralement anhistoriques29 le livre le plus audacieux qu'un nègre ait jamais écrit », dira Aimé Césaire dans son Discours sur le comme une civilisation négro-africaine [L'égyptologie afrocentrée » est un domaine de recherche initié par Cheikh Anta Diop, où l'on étudie la civilisation de l'Égypte ancienne en partant du postulat qu'elle est une civilisation négro-africaine. En effet, selon Diop la civilisation égyptienne serait une civilisation nègre ».Par ses habitants]Auteurs anciens [Diop rapporte que selon Hérodote, Aristote, Strabon et Diodore de Sicile, les Égyptiens avaient la peau noir »30. Il signale également l'opinion du comte de Volney31 pour qui les Égyptiens seraient les descendant de nègre ». D'autres auteurs, comme Mubabinge Bilolo, reprendront et développeront cet [Selon Cheikh Anta Diop, par l'expression Kemet, les Égyptiens se seraient désignés dans leur propre langue comme un peuple de Nègres » l'appui de sa thèse, il invoque une graphie insolite »33 de déterminée par un homme et une femme assis, graphie traduite par les Égyptiens », mais que l'égyptologue afrocentrique Alain Anselin traduit comme une collectivité d'hommes et de femmes noirs »34. On n'en connait qu'une seule occurrence35, dans un texte littéraire du Moyen égyptien ancien, Kemet s'écrit avec comme racine le mot km, noir », dont Diop pense qu'il est à l'origine étymologique de la racine biblique kam ». Pour lui, les traditions juive et arabe classent généralement l'Egypte comme un des pays de Noirs36. En outre, selon Diop, le morphème km a proliféré dans de nombreuses langues négro-africaines où il a conservé le même sens de noir, être noir » ; notamment dans sa langue maternelle, le wolof » où khem signifie noir, charbonner par excès de cuisson », ou en pulaar où kembu signifie charbon ».Tests de mélanine [Selon Cheikh Anta Diop, les procédés égyptiens de momification ne détruisent pas l'épiderme au point de rendre impraticables les différents tests de la mélanine permettant de connaître leur pigmentation. Au contraire, eu égard à la fiabilité de tels tests, il s'étonne qu'ils n'aient pas été généralisés sur les momies disponibles. Sur des échantillons de peau de momie égyptienne prélevés au laboratoire d'anthropologie physique du Musée de l'Homme à Paris», Cheikh Anta Diop a réalisé des coupes minces, dont l'observation microscopique à la lumière ultraviolette lui fait classer indubitablement les anciens Egyptiens parmi les Noirs » sa langue [L'argument linguistique de Diop comporte deux volets38. D'une part, l'auteur essaie de prouver que l'égyptien ancien n'appartient pas à la famille afroasiatique39. D'autre part, il tente d'établir positivement la parenté génétique de l'égyptien ancien avec les langues négro-africaines contemporaines40. Ainsi, d'après Diop et Obenga, les langues négro-africaines contemporaines et l'égyptien ancien ont un ancêtre linguistique commun, dont la matrice théorique ou ancêtre commun pré-dialecta »l aurait été reconstituée par Obenga, qui l'a baptisée Négro-égyptien ».La langue maternelle de Cheikh Anta Diop est le wolof wolof, ouolof, et il a appris l'égyptien ancien lors de ses études d'égyptologie. Ce qui, selon Diop, lui aurait permis de voir concrètement qu'il y avait des similitudes entre les deux langues41. Il a donc tenté de vérifier si ces similitudes étaient fortuites, empruntées, ou de similitudes • nad demander en égyptien lad demander en Wolof • nah protéger en égyptien lah protéger en Wolof • benben sourdre en égyptien bel bel sourdre en Wolof Selon Diop, il y a une équivalence régulière entre le sens du mot égyptien et celui du mot walaf. Plus généralement, il y aurait une parfaite concordance entre le champ sémantique des mots égyptiens et celui des mots wolof de même Alain Anselin, le phénomène de duplication benben/bel bel est généralisé en égyptien ancien et dans les langues négro-africaines modernes • égyptien dgdg = écraser du pied, piétiner • somali degdeg = vite, urgent • walaf dëgdëg = piétiner • basaa tegatega = clopin-clopan • lingala leka-leka = roder • kikongo dekadeka = vacillant. Diop observe une loi de correspondance » entre n en égyptien et l en walaf. Il observe également qu'en présence d'un morphème ayant une structure nd en égyptien, on rencontre généralement un morphème équivalent en Walaf de structure ld. Le grand spécialiste de la linguistique historique, Ferdinand de Saussure, a établi que ce type de correspondances régulières n'est presque jamais fortuit en linguistique, et que cela a force de loi » phonologique, dite sound laws ».[réf. nécessaire]Pour Diop, la structure consonantique du mot égyptien nd est la même que celle du mot walaf ld ; sachant que souvent les voyelles ne sont pas graphiées en égyptien, même si elles sont prononcées. Cela veut dire, selon lui, que là où l'on note a pour l'égyptien, il est possible de rencontrer une toute autre voyelle dans le morphème walaf équivalent. Dans ce cas la correspondance ne serait approximative qu'en apparence, car c'est la phonétisation la prononciation de l'égyptien selon les règles de prononciation sémitiques qui serait erronée. Bien entendu une telle loi ne se déduit pas de deux ou trois exemples, elle suppose l'établissement de séries lexicales exhaustives ; comme on en trouve dans les ouvrages dédiés de Diop[réf. nécessaire] la culture spirituelle [Cosmogonie [Selon Cheikh Anta Diop43, la comparaison des cosmogonies égyptiennes avec les cosmogonies africaines contemporaines Dogon, Ashanti, Yorouba44, etc. montre une similitude radicale qui témoigne selon lui d'une commune parenté culturelle. Il avance une similitude du Dieu-Serpent dogon et du Dieu-Serpent égyptien, ou encore celle du Dieu-Chacal dogon incestueux et du Dieu-Chacal égyptien incestueux. L'auteur invoque également les isomorphies Noun/Nommo, Amon/Ama ; de même que la similitude des fêtes des semailles et autres pratiques cultuelles agraire ou [Le totem est généralement un animal considéré comme une incarnation de l'ancêtre primordial d'un clan[réf. nécessaire]. A ce titre, ledit animal ou parfois un végétal fait l'objet de tabous qui déterminent des attitudes cultuelles spécifiques au clan, qu'on désigne par le terme de totémisme. Selon Diop45, cette institution et les pratiques cultuelles afférentes sont attestées en Égypte tout comme dans les autres cultures négro-africaines ».Circoncision [Selon Diop 46, les Égyptiens pratiquaient la circoncision dès la période prédynastique. Se fondant sur un témoignage d'Hérodote dans Euterpe, il pense que cette institution se serait diffusée aux populations sémitiques depuis l'Égypte. Elle est attestée dans d'autres cultures négro-africaines », notamment chez les Dogons où elle est le pendant de l'excision. Ainsi pour Diop, circoncision et excision sont des institutions duelles de sexuation sociale ; celles-ci résulteraient des mythes cosmogoniques de l'androgynie originelle de la vie, en particulier de l'humanité il cite l'exemple de l'androgynie d'Amon-Râ[réf. nécessaire].Par sa sociologie [Royauté Sacrée [Selon Josep Cervello Autuori, la royauté égyptienne emporte une dimension sacerdotale comme ailleurs en Afrique noire47. Mais selon Diop48, un trait encore plus singulier commun aux souverains traditionnels africains consiste en la mise à mort rituelle du roi »49. Cette pratique serait attestée, notamment chez les Yorouba, Haoussa, Dagomba, Tchambas, Djoukons, Igara, Songhoy, Shillouks. Selon Diop, les Égytpiens auraient également pratiqué le régicide rituel, qui serait devenu progressivement symbolique, à travers la fête du Sed, un rite de revitalisation de la [Pour Diop51, le matriarcat est au fondement de l'organisation sociale négro-africaine ». Aussi serait-il attesté comme tel en Égypte ancienne aussi bien à travers le matronymat, que par la distribution matrilinéaire des pouvoirs sociale [Selon Diop52, la société égyptienne ancienne était structurée hiérarchiquement de la même façon que les autres sociétés négro-africaines » anciennes. Du bas de l'échelle socioprofessionnelle vers le haut, elle se composerait de • paysans, • ouvriers spécialisés, appelés castes » ailleurs en Afrique noire, • guerriers, prêtres, fonctionnaires, • Roi-Sacré, appelé Pharaon » en égyptologie. Par sa culture matérielle [Les plus vieux ustensiles et techniques de chasse, pêche, agriculture attestés en Égypte sont similaires à ceux connus dans les autres régions de l'Afrique. De même que les différentes coiffures et leurs significations, les cannes et sceptres royaux.[réf. nécessaire] Les travaux d'Aboubacry Moussa Lam sont particulièrement décisifs pour ce champ de la recherche ouvert par Diop.[réf. nécessaire]L'ensemble des différents types d'arguments que les afrocentristes invoquent mobilise diverses disciplines scientifiques, et constitue d'après eux un faisceau de preuves », c'est-à-dire un système argumentaire global, ayant sa propre cohérence interne qui l'établit comme un paradigme épistémologique la préoccupation de Diop consiste moins à innover en matière d'historiographie de l'Afrique, qu'à connaître profondément l'histoire de l'Afrique en vue d'en tirer les enseignements utiles pour agir efficacement sur son avenir. Il ne s'agit pas davantage de s'enorgueillir puérilement de quelque passé glorieux, mais de bien connaître où l'on vient pour mieux comprendre où l'on va. D'où sa remarquable prospective politique dans Les fondements économiques et culturels d'un État fédéral d'Afrique noire éd. Présence africaine, 1960 ; et son implication concrète dans la compétition politique au Sénégal, son pays natal.!Postérité de l'½uvre de Cheikh Anta Diop [Nombre d'auteurs, tout en reconnaissant que Diop a eu le mérite de libérer la vision de l'Égypte ancienne de son biais européocentriste, reste partagés sur certaines de ses conclusions. Certains chercheurs africanistes contestent l'insistance de Diop sur l'unité culturelle de l'Afrique noire. D'autres estiment que son approche pluridisciplinaire l'amène à des rapprochements sommaires dans certains domaines comme la linguistique, ou que ses thèses entrent en contradiction avec les enseignements académiques de l'archéologie[réf. nécessaire] et de l'histoire de l'Afrique et en particulier de l'Égypte. Ses travaux ne sont pas considérés comme une source fiable par une partie des historiens actuels[réf. nécessaire] affirmant que ses travaux suscitent l'intérêt sur le plan de l'historiographie de l'Afrique et non sur celui de la connaissance de son passé. Pour Mubabinge Bilolo. les rapprochements sommaires ne constituent pas un point négatif, car pour lui, Diop est un pionnier qui a ouvert des perspectives, tracé des pistes de recherche et laissé une série de tâches pour les futures of Africa []Les travaux d'Yves Coppens, Luigi Luca Cavalli Sforza, Svante Paabo, Anna di Rienzo, Bryan Sykes, documentent abondamment la théorie de l'origine africaine de l' une Ethiopie [L'idée d'une Égypte ancienne noire avait déjà été avancée par d'autres auteurs, mais l'½uvre de Cheikh Anta Diop est fondatrice dans la mesure où elle a considérablement approfondi l'étude du rôle de l'Afrique noire dans les origines de la civilisation. Elle a donné naissance à une école d'égyptologie africaine en inspirant par exemple Théophile Obenga, Mubabinge Bilolo et Molefi Kete Asante. Diop a participé à l'élaboration d'une conscience africaine libérée de tout complexe face à la vision européenne du monde. Ses travaux et son parcours sont aujourd'hui une référence constante des intellectuels africains, plus encore peut-être que Léopold Sédar Senghor auquel Diop a reproché d'avoir aliéné la négritude en la basant sur un type de raison différent de la raison européenne[réf. nécessaire]. Les travaux de Cheikh Anta Diop, entre autres, ont donné naissance à un courant historiographique dit de l'afrocentricité. Sur le plan linguistique, il a initié l'étude diachronique des langues africaines et a défriché l'histoire africaine précoloniale hors période pré-égyptienne largement commentée. Désormais, le fait que l'Égypte soit une civilisation essentiellement africaine n'est pas remise en cause par les égyptologues, contrairement aux théories raciales visant à en faire une civilisation nègre ».Linguistique historique africaine [Selon Cheikh Anta Diop54, il existe des correspondances syntaxiques, morphologiques, phonologiques et grammaticales régulières entre les langues négro-africaines, notamment le walaf, et égyptien ancien55. Il considère que les lois de correspondances observées entre égyptien ancien et walaf n'existent pas entre égyptien ancien et hébreu, arabe, ou démarche dite de linguistique historique africaine » sera généralisée par Théophile Obenga à de nombreuses autres langues négro-africaines, notamment le mbochi, sa langue maternelle. Oum Ndigi56 a réalisé des études similaires sur le basa57. Aboubacry Moussa Lam a travaillé dans ce sens pour le peul58. Alain Anselin a relevé de nombreuses similitudes régulières en ce qui concerne la grammaire du verbe, du geste et du corps en égyptien ancien et dans les langues négro-africaines modernes »59. Ainsi, toute une école de linguistique historique africaine est née de ces recherches, dont les auteurs et la publication sont désormais conséquents[réf. nécessaire]60. Obenga a renommé négro-égyptien » la théorie générale de cette linguistique historique [Des découvertes archéologiques récentes semblent en accord avec certaines hypothèses formulées par Diop, notamment en ce qui concerne sa théorie de l'antériorité des civilisations nègres »[réf. nécessaire]. En effet, sur le site de Blombos ont été exhumées les plus anciennes ½uvres d'art jamais trouvées[réf. nécessaire]. Elles datent de plus de 70 000 ans. De même, sur le site de Kerma, les travaux du Suisse Charles Bonnet ont prouvé l'originalité de la civilisation de Kerma[réf. nécessaire] -3000/–150062 par rapport à l'Égypte message que Diop souhaitait faire passer est qu'il écrivit en 1979 dans Nations Nègres et Culture est que l'Afrique noire a une histoire riche et a largement contribué à l'origine des civilisations et des [L'égyptologue Alain Anselin a cherché à démontrer l'africanité de l'écriture hiéroglyphique. Pour lui, si l'absence répétée des paires d'homophones nécessaires à l'établissement du code hiéroglyphique dans une famille de langues donnée rend difficile d'affirmer que cet univers linguistique puisse rendre compte de l'élaboration de l'écriture hiéroglyphique », il considère paradigme africain » serait doté d'un pouvoir explicatif » plus grand, que le paradigme sémitique » qu'il considère comme biaisé63. Anselin estime également que les hiéroglyphes photographient le milieu écologique et sociétal qui les ont vus naître. Or, la faune et la flore des signes scripturaux égyptiens sont, selon lui, africaines, notamment de la région des Grands Lacs, au c½ur de l'Afrique et l'ichthyonomie égyptienne présenterait des similitudes avec les noms de poisson dans diverses langues "négro-africaines" contemporaines. [réf. nécessaire]Babacar Sall relève que dans la sign list de la grammaire égyptienne d'Alan H. Gardiner64 les symboles relatifs aux instruments de la pêche et de la chasse sont particulièrement nombreux, et estime qu'ils correspondent à des pratiques et techniques attestées dans toute l'Afrique noire, encore de nos politique [Les comparaisons de Diop entre l'institution de Pharaon et, entre autres, celle du Damel de Cayor ou du Mogho Naba du Mossi ont suscité d'autres recherches, notamment par Alain Anselin, mais également Cervello Autuori. Selon ce dernier auteur, l'institution politique dite de la royauté sacrée » Evans-Pritchard, Luc De Heusch, Michel Izard serait attestée en Égypte comme ailleurs en Afrique ; de même que la pratique ancestrale du régicide rituel. Le Pharaon, le Mansah, le Mwene ou le Mogho Naba sont des institutions structuralement analogues sacerdotales et en même temps politiques. Elles se distinguent radicalement du Roi »66 La monarchie pharaonique fut-elle une royauté divine africaine ? Tout d'abord, il convient de remarquer qu'en Égypte le dieu-qui-meurt est Osiris et que, comme dans le cas des rois divins africains mais à la différence des autres dieux-qui-meurent d'Europe et du Proche-Orient anciens, Osiris est aussi roi .... Comme les rois africains, Osiris est la personnification du principal aliment de la communauté, la céréale, l'orge cf., par ex., Mystère de la succession, scène 9, 29-32 ; Textes des sarcophages, 269, 330 ; Luttes d'Horus et Seth, 14, 10 ; Textes du sarcophage d'Ankhnesneferibre, 256-302 ; Plutarque, Isis et Osiris, 36, 41, 65, 70 ; cf. aussi les "Osiris végétants", représentations du dieu en argile dans lesquelles sont enfoncées des graines de céréale qui finissent par germer, et lui-même ou bien les humeurs qui émanent de son cadavre s'identifient avec le Nil ou avec les eaux fécondantes de la crue cf. Textes des Pyramides, 39, 117, 788, 848, 1360 ; Hymne de Ramsès IV à Osiris. La capitale de l'Égypte, Memphis, est un centre qui diffuse l'abondance parce que le cadavre d'Osiris flotta dans les eaux du Nil à sa hauteur et qu'il y fut enterré Théologie memphite, 61-62, 64. C'est qu'Osiris, roi-dieu mort, dispense l'abondance précisément dans sa condition de mort, d'être sacrifié Frankfort, 1948, chap. 2. En plus d'être le dieu-qui-meurt, Osiris est aussi le premier ancêtre de la royauté être individuel et, en tant que roi mort, celui auquel s'identifient tous les rois en mourant être collectif. Osiris se ressemble donc en tous aspects au roi-dieu africain. ... Pour conclure, nous pourrions nous demander comment s'explique cette parenté et, en général, comment s'expliquent les nombreux parallélismes qui existent entre l'Égypte et l'Afrique. Certains auteurs ont parlé de diffusion, d'autres de convergence. Nous préférons, quant à nous, la notion de substrat culturel pan-africain », compris comme un patrimoine culturel commun qui aurait eu son origine à l'époque néolithique et dont auraient émergé, ici et là dans l'espace et dans le temps, les diverses civilisations africaines historiques et actuelles. »Les travaux de Diop dans ce domaine ont notamment inspiré l'ouvrage intitulé Conception Bantu de l'Autorité. Suivie de Baluba Bumfumu ne BuLongolodi Publications Universitaires Africaines, Munich-Kinshasa, 1994 des auteurs Kabongu Kanundowi et Bilolo de l'oeuvre de Diop [Bien que démonstration ait été faite avant les travaux de Diop que l'égyptien n'appartient pas au groupe sémitique des langues afroasiatiques, il n'en résulte pas nécessairement qu'elle n'appartient pas au phylum afroasiatique67. Ainsi, le linguiste comparatiste A. Loprieno68 notamment69 relève les caractéristiques communes à l'égyptien et aux autres langues afroasiatiques entre autres la présence de racines bi- et trilitères, constantes dans les thèmes verbaux et nominaux qui en dérivent ; la fréquence de consonnes glottales et laryngales, la plus caractéristique étant l'occlusive laryngale ˁayn ; le suffixe féminin *-at ; le préfixe nominal m- ; le suffixe adjectival –i le nisba arabe. À la Conférence internationale de Toulouse septembre 2005, A. Anselin quant à lui a délivré une communication portant sur les noms de nombres en égyptien ancien où il considère deux courants d'influence, l'un tchado-égyptien, l'autre égypto-sémitique »70. La parenté génétique de l'égyptien ancien avec les langues négro-africaines contemporaines est pareillement contestée par certains philologues et lexicologues. Ainsi, Henry Tourneux, spécialiste des langues africaines mbara, fulfulde, munjuk, kotoko... et membre de l'unité mixte de recherche Langage, Langues et Cultures d'Afrique noire CNRS71, observe que la coïncidence de trois langues non contiguës » ne garantit pas le caractère commun, négro-égyptien », d'un mot » en effet, il ne suffit pas qu'un fait linguistique soit attesté dans deux langues non contiguës du négro-africain » contemporain la troisième langue étant l'égyptien ancien ou le copte ni que les champs sémantiques soient identiques pour que l'on ait la preuve que le fait linguistique en question relève d'une hypothétique matrice négro-égyptienne » critiques d'Henry Tourneux ont fait l'objet d'une réponse circonstanciée de Théophile Obenga dans "Le sens de la lutte contre l'africanisme eurocentriste"73, où il estime que son contradicteur n'est pas compétent en matière de linguistique historique comparative, ni même spécialiste de la langue égyptienne. En effet, Henry Tourneux est spécialiste des langues tchadiques et de la lexicographie peule »74. Par ailleurs, d'après Obenga, aucun linguiste spécialiste de linguistique historique n'a encore contesté ses travaux et ceux de Diop, particulièrement en ce qui concerne la régularité des propriétés communes aux langues négro-africaines, au copte et à l'égyptien ancien. Or, toujours selon Théophile Obenga, c'est très précisément cette régularité, faisant force de loi linguistique Cf. F. de Saussure, A. Meillet, E. Benveniste, qui fonde sa théorie générale du "négro-égyptien" des similitudes éparses, irrégulières entre les langues ou groupes de langues comparées pouvant relever, ou bien de coïncidences, ou - plus sûrement en l'espèce du paradigme afroasiatique - d'emprunts réciproques de langues dont les locuteurs sont géographiquement mitoyens depuis des millénaires. Pour Obenga, le fait même que les langues africaines modernes ne soient pas contemporaines de l'égyptien ancien, et que beaucoup de ces langues soient attestées à des milliers de kilomètres de l'Égypte, serait un argument favorable à sa théorie linguistique du "négro-égyptien"75 L'énorme discontinuité géographique milite en faveur de l'exclusion de l'emprunt dans ces temps anciens, sur l'ensemble des concordances établies, morphologiques, phonétiques et lexicologiques. C'est-à-dire que la séparation très ancienne de la souche commune prédialectale élimine les effets de convergence, de hasard et d'emprunt. En d'autres mots, si des connexions de caractère sérial sont établies entre l'égyptien pharaonique, le copte et les langues négro-africaines modernes, on est autorisé de reconnaître un air de famille », une parenté par enchaînement » selon l'expression de la systématique des plantes, même si l'on s'éloigne beaucoup du type initial, des prototypes reconstruits. Ainsi, le temps qui sépare l'égyptien ancien des langues africaines actuelles - un hiatus de 5000 ans - au lieu de constituer une difficulté se présente au contraire comme un critère sûr de comparaison le temps qui sépare le hittite du portugais actuel est également énorme, mais rien n'empêche de comparer directement ces deux langues, dans un ensemble donné, pour rejoindre précisément l'indo-européen. »¼uvres [• Nations nègres et culture de l'antiquité nègre égyptienne aux problèmes culturels de l'Afrique noire d'aujourd'hui, ISBN 2708706888 1954 • L'unité culturelle de l'Afrique noire, ISBN 2708704060 1959 • L'antiquité africaine par l'image, ISBN 2708706594 • L'Afrique noire précoloniale. Étude comparée des systèmes politiques et sociaux de l'Europe et de l'Afrique noire de l'antiquité à la formation des États modernes, ISBN 2708704796 1960 • Les fondements culturels techniques et industriels d'un futur État fédéral d'Afrique noire, ISBN 2708705350 • Antériorité des civilisations nègres, mythe ou vérité historique ?, ISBN 2708705628 1967 • Parenté génétique de l'égyptien pharaonique et des langues négro-africaines 1977 • Civilisation ou barbarie, ISBN 2708703943 1981 • Nouvelles recherches sur l'égyptien ancien et les langues africaines modernes, Présence Africaine, Paris, 1988. Ouvrage posthume. Avec Cheikh Anta Diop, l'Afrique, terre des premiers hommes, a retrouvé sa place dans l'histoire antique de l'humanité, notamment dans l'histoire de l'Égypte. Toute sa vie, Cheikh Anta Diop a œuvré pour une meilleure connaissance de la culture de l'Égypte antique, et notamment de son imprégnation africaine. Et son message n'était pas seulement à destination des Africains, qu'il invitait à prendre conscience de cette réalité, mais aussi à tous ceux qui, par méconnaissance ou par calcul, ont voulu nié ce qui lui est apparu comme une réalité, une vérité historique incontournable. Autant dire pour paraphraser le grand écrivain et ethnologue malien Amadou Hampâté Bâ qu'à sa disparition, le 7 février 1986, c'est plus qu'une bibliothèque qui a brûlé. Mais quel a été son parcours de vie ?Naissance et évolution au cœur du SénégalCheikh Anta Diop naît le 29 décembre 1923 à Caytu, un village à une centaine de kilomètres à l'est de Dakar. Il est le fils unique de Massamba Sassoum Diop, qui décède peu de temps après sa naissance, et de Magatte Diop, une mère qui a laissé la trace d'une femme droite, courageuse et généreuse. Le petit garçon qu'il était tient son nom de Vieux Cheikh Anta », son oncle maternel par alliance. Et pour la petite histoire, c'est un autre de ses oncles, Cheikh Amadou Bamba, qui a fondé en 1883 au Sénégal la confrérie des Mourides avant de porter sur les fonts baptismaux la ville sainte de Touba. Envoyé dès 5 ans auprès de celui qu'on appellera Serigne Touba ou Khadimou Rassoul, il quitte sa mère pour le village de Koki, fief des Diop. À l'école coranique, le petit garçon apprend la vie selon l'éthique d'abord, car un bon mouride doit avoir une bonne connaissance des textes sacrés ; le travail ensuite, comme si tu ne devais jamais mourir » ; et aussi, la prière comme si tu devais mourir demain ». Dans cette famille d'érudits mais aussi de résistants à l'occupation française ces 2 oncles seront exilés au Mali et au Gabon par l'administration coloniale qui redoute le succès de leurs idées nationales auprès du peuple, il apprend à connaître et à aimer sa culture, à confronter son intelligence à la logique, à s'imprégner d'une certaine morale, de théologie, de philosophie, de grammaire et de approche précoce du fait culturel africainAu collège, le jeune Cheikh Anta est sur une orbite originale. Le voilà qui s'emploie à créer un alphabet à destination de toutes les langues africaines, à rédiger une histoire du Sénégal, à traduire des philosophes européens en wolof... Autant dire que le jeune Cheikh Anta met à l'épreuve sa soif de connaissances et de son bac en mathématiques et philosophie obtenu à Saint Louis et à Dakar, il se destine à une carrière d'ingénieur en aéronautique. C'est ainsi qu'il arrive en France en 1946. Il se retrouve en classe de mathématiques supérieures au lycée Henri-IV de Paris. Parallèlement inscrit à la Sorbonne, il y obtient une licence en philosophie dans la classe de Gaston Bachelard tout en poursuivant ses travaux en linguistique, et chimie dont il obtient deux certificats et une spécialisation en physique et chimie nucléaire. Il est alors maître-auxiliaire de physique-chimie au lycée Claude-Bernard à les maths, la chimie, la linguistique... l'histoireBien qu'adossé à sa culture wolof à laquelle il est très attaché, le jeune homme ressent un vide culturel ». Son désir de se réaliser en tant qu'être humain le mène tout naturellement à l'histoire, la sienne, et non celle apprise dans les manuels scolaires, une histoire qu'il qualifiera de falsifiée » parce que partant dans une logique inacceptable à ses yeux, celle où la race noire » est dominée, et la race blanche » 1954, il publie son ouvrage Nations nègres et culture, somme anthropologique dans laquelle il s'emploie à démontrer l'antériorité négro-africaine de la civilisation égyptienne et son apport à la civilisation helléniste. Une approche qu'il soutient d'autant plus facilement que les Grecs eux-mêmes ont reconnu avoir puisé nombre de leurs connaissances en philosophie Aristote, Platon, en histoire Hérodote, en mathématiques Pythagore, Thalès dans l'Égypte antique. Dans ses travaux, il s'applique à démontrer la continuité historique de cette civilisation dans toute l'Afrique autour de la spiritualité le culte des ancêtres, l'écriture les hiéroglyphes, pères des alphabets Bamoun du Cameroun et Vaïs de la Sierra Leone, des coutumes matriarcat prédominant dans l'Égypte antique, chez les Bambara et les Kongo ou de l'art statuaire, poésie, musique. Pour recréer un corps de sciences humaines africaines, il faut repartir de l'Égypte, renouer avec les Antiquités égyptiennes, seule façon de réconcilier les civilisations africaines avec l'histoire », 1960, Cheikh Anta Diop rentre définitivement au Sénégal. Il est assistant à l'Institut français d'Afrique noire Ifan alors dirigé par Théodore Monod. Avec son accord, il crée et dirige un laboratoire de datation par les méthodes radioactives. La datation au carbone 14 lui permet de poursuivre ses recherches en histoire égyptologie, archéologie inventaire archéologique du Mali, linguistique. Inlassablement, le voilà qui parcourt l'Afrique et le monde, de colloques en conférences, continuant d'écrire. Parmi ses chantiers, une commande de l'UNESCO L'Histoire générale de l'Afrique et Civilisation et barbarie. 1 2 15,20 € Neuf - Expédié sous 6 à 12 jours InformationsCet article sera commandé chez un fournisseur et sera expédié 6 à 12 jours après la date de votre commande. 12,20 € Neuf - En stock InformationsL'article est expédié le jour-même pour toute commande passée avant 14h00, du lundi au vendredi. 12,50 € Neuf - Expédié sous 6 à 12 jours InformationsCet article sera commandé chez un fournisseur et sera expédié 6 à 12 jours après la date de votre commande. 28,40 € Neuf - Expédié sous 6 à 12 jours InformationsCet article sera commandé chez un fournisseur et sera expédié 6 à 12 jours après la date de votre commande. 10,20 € Neuf - Expédié sous 6 à 12 jours InformationsCet article sera commandé chez un fournisseur et sera expédié 6 à 12 jours après la date de votre commande. 38,60 € Neuf - Expédié sous 6 à 12 jours InformationsCet article sera commandé chez un fournisseur et sera expédié 6 à 12 jours après la date de votre commande. 13,20 € Neuf - Expédié sous 6 à 12 jours InformationsCet article sera commandé chez un fournisseur et sera expédié 6 à 12 jours après la date de votre commande. 29,00 € Neuf - Actuellement indisponible InformationsCet article est actuellement indisponible, il ne peut pas être commandé sur notre site pour le moment. 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